On aurait pu penser que notre nouveau président aurait eu un peu plus de constance dans son action ... mais qu'on en juge ! Après avoir donné des tas et tas de gages à la droite voire l'extrême-droite française, histoire de s'approprier les votes du Front National, le voilà qui fait des tas de mamours à la gauche et au parti socialiste, en particulier. On laisse de côté les Koutchner et autres transfuges dont la conversion au sarkozysme ressort davantage d'une adhésion idéologique qu'à un désir de pouvoir. Plus intéressantes à analyser les propositions faites à des gens comme Hubert Vedrine, Jack Lang ou DSK. Ignorons d'abord cette contradiction qui est tellement évident qu'on oublie de la mentionner : quel lien entre les mamours à l'extrême droite française et ces basses flatteries adressées aux personnalités de gauche citées plus haut ? comme si elles pouvaient se retrouver en accord avec l'idéologie de l'extrême droite ? Non, examinons plutôt l'argument que soulignent avec une étonnante unanimité aussi bien Sarkozy et ses sectateurs que Ségolène Royal : quand il s'agit d'opérer pour le bien de la France, on ne saurait alors plus tenir compte des opinions et engagements politiques des personnalités auxquelles on ferait appel ; la seule reconnaissance publique d'une compétence au niveau national suffit alors pour exercer de hautes responsabilités ! Attends, là, j'ai besoin de voir clair : c'est quoi la compétence ? C'est seulement savoir gérer au mieux un problème, n'importe quel problème ? Est-ce que la compétence est neutre, se suffit à elle-même et serait totalement indépendant d'un but humain ? Un exemple, un bon économiste qui pourrait faire un ministre de l'économie ne serait donc que celui qui saurait équilibrer les comptes de la nation, et supprimer à tout jamais l'infernal déficit qui ne cesse de croître ? Et il le ferait bien sûr dans l'intérêt général de la France : stop, là je dis stop, parce si vous dites que c'est dans l'intérêt général de la France, vous donnez donc un but au travail de cet économiste ! et vous pensez alors que le but d'un économiste de "gauche" soit le même que celui d'un économiste de "droite" ? Comment accepter, par exemple, que le fameux bouclier fiscal présenté aux députés puisse être accepté par un économiste de "gauche" dans la mesure où ce bouclier fiscal va accentuer fiscalement les différences entre les riches et les pauvres ; et il en est de même de cette fameuse TVA sociale dont on nous promet qu'elle sera elle-aussi bientôt votée, et il en est de même de ces franchises médicales que le premier ministre en chef, Nicolas Sarkosy, va vouloir instaurer. Alors ? si un économiste de gauche se fait "débaucher" par Sarkosy, est-ce qu'il ne trahit pas à un moment donné ses propres convictions ? et s'il prétend que non, ou si on dit que non, prenons-le au mot, et demandons lui comment il sera capable de résister à toutes ces mesures néfastes que va prendre Sarkosy, en faisant partie, directement ou non, de son équipe, ou en acceptant les propositions alléchantes qu'on lui fait ? Et ce qui est frappant au niveau de l'économie, l'est tout autant dans d'autres domaines, comme une réflexion sur les Institutions, qui ne sauraient avoir lieu à titre individuel mais naître de la confrontation entre des options différentes voire antagonistes du pouvoir. Céder aux sirènes du pouvoir en place devient alors un signe non de reconnaissance de compétence, mais de soumission, voire de capitulation face à un adversaire politique. Il paraît qu'il fera beau au mois d'Août et que les plages seront chaudes, les campagnes fleuries et odorantes, et que la montagne reluira de ses plus beaux atours !