Luciano Marrocu : Faulas
Dans l’Italie fasciste, un dignitaire du régime est assassiné : vol crapuleux qui tourne mal ou meurtre politique ? Au jeune inspecteur de la police politique, Serra, de résoudre cette énigme.
De Rome où nous pénétrons les milieux aussi bien politiques qu’affairistes, l’auteur nous entraîne dans sa Sardaigne natale où nous nous plongeons dans la mentalité particulière d’un petit village. Dans les deux cas, Luciano Marrocu fait preuve d’un sens aigu de l’observation, et ses descriptions comme ses analyses ont ceci de terrifiant qu’elles pourraient encore s’appliquer de nos jours : la rivalité, aussi bien en politique qu’en affaires, qui peut faire intervenir des procédés louches, immoraux et qui peu entraîner jusqu’à la mort. Dans ce cadre, les personnages sont campés avec une vérité étonnante : l’ambition d’un politique qui aspire à un poste ministériel, comme celle de l’homme d’affaires qui se sert de ses appuis politiques pour obtenir encore plus de pouvoir sonnent tellement justes qu’on a parfois l’impression de vivre des situations contemporaines. Et de même les personnages qui gravitent autour de ces personnages, ambigus par essence, trouvent leur force soit parce ce qu’ils s’opposent directement à eux, soit parce qu’ils représentent une autre façon de voir la vie.
Et c’est bien ce qui fait tout l’intérêt de ce roman, bien plus que l’intrigue elle-même, somme toute banale.
Evidemment, la raison d’Etat l’emportera, enfin l’auteur nous le laisse supposer, confirmant s’il en était besoin que même sous un régime fasciste, l’honneur, l’intégrité et la justice n’ont guère plus de poids que dans les autres systèmes de gouvernance.
Pour un premier roman, c’est assez bien réussi, dans ce sens que l’auteur réussit à captiver son lecteur ; Marrocu, écrivain sarde, suivra-t-il l’exemple de son compatriote Marcello Fois dont la richesse de l’œuvre n’est plus à démontrer ? C’est tout le bien qu’on lui souhaite en tout cas !
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