Si vous ne l’avez pas lu, c’était dans « Libération » de ce matin
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Expulsé du Danemark... pour un opinel!
Témoignage
Jocelyn Peyret du réseau «Sortir du nucléaire» raconte son arrestation par les policiers danois alors qu'il se préparait à manifester. Il est le premier Français expulsé de Copenhague.
Cela faisait dix jours qu'il préparait la manif pour le réseau Sortir du nucléaire, dont il est salarié. Mais hier, Jocelyn Peyret répondait à nos questions par téléphone, depuis un bus qui le ramenait à Strasbourg. Car Jocelyn a été expulsé du Danemark... pour un Opinel! Témoignage.
«Vendredi, en fin de matinée, je m'activais avec un collègue pour préparer la manif de samedi. Nous trimballions des hampes pour les banderoles et nous avions déjà été contrôlés une première fois en allant chercher le matériel à la voiture.
Au retour, un groupe d'une dizaine de policiers nous arrête à nouveau. Ils nous demandent à quoi vont servir ces hampes, puis ils nous fouillent. Ils ont tiqué parce qu'on avait un tournevis sur nous pour bricoler notre matos de manif. On leur explique mais ils n'en démordent pas: «Désolés mais vous êtes en état d'arrestation!». On a halluciné. A ce moment-là, ils n'ont toujours pas vu mon Opinel, mais ils nous demandent de vider nos poches. Là, ils découvrent le couteau, alors je leur explique qu'en bon Français, on se doit d'avoir un Opinel pour le saucisson, mais ils ne me croient pas. Ils nous ont menottés et mis dans un camion avant de nous conduire à Valby, dans un grand entrepôt où sont alignées des cages métalliques. Au total, il y avait une cinquantaine de personnes. J'ai discuté avec les uns et les autres, la plupart étaient là pour des motifs débiles: un gars, c'est parce qu'il avait des lunettes de natation pour se protéger des éventuels gaz lacrymos. D'autres, c'est parce qu'ils avaient 1 g d'herbe. A 13h, on a passé un coup de fil à nos contacts du réseau Sortir du nucléaire pour les prévenir, d'autant que c'est moi qui avais les clefs de la voiture! Mon collègue, lui, a été libéré dans l'après-midi.
Ils m'ont fait lambiner jusqu'à minuit. Là, un inspecteur m'a expliqué que j'étais inculpé car j'avais un couteau dans mon sac et que ce type de couteau (avec une lame de plus de 7 cm, ndlr) était interdit au Danemark. A 4 heures du matin, ils m'ont appris que j'allais être expulsé. Je suis resté avec deux Britanniques. Ils nous fait signer des papiers et à 8 heures du matin, on était en prison. J'ai eu droit à un petit déjeuner: lait, céréales, tartines et confitures. A midi, j'ai eu droit à des patates et des courgettes, mais comme je suis végétarien, ça les a bien ennuyés. A 16 heures, deux policiers sont venus me chercher et m'ont conduit à l'aéroport. J'ai passé un second coup de fil à 16 heures, juste avant l'expulsion.
Je ne voulais pas qu'ils m'expulsent par avion à cause des gaz à effet de serre. Je leur ai dit: « hey! Les gars, c'est un sommet sur le climat, vous n'allez pas faire ça quand même!», mais ça ne les a pas fait rire.
Les policiers danois sont super fins psychologues, ils n'arrêtent pas de te rassurer, de t'expliquer que tout sera résolu dans la demi-heure. Forcément tu y crois, tu ne t'énerves pas, tu attends. Ils sont toujours super gentils, ça va se résoudre dans la demi-heure mais au final, j'ai passé 30 heures en garde à vue. Les cages, ça faisait vraiment cages à chiens. Alors pour se détendre, on aboyait...
Quand j'y pense, c'est quand même hallucinant de se faire expulser pour un Opinel.»
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