Philippe Vasset : Bandes alternées
Pas facile de comprendre le propos de ce court roman. Si on prend le récit à la lettre, bien sur cela semble aisé : des gens qui créent et s’expriment pour quelques rares amis, le clan qu’ils ont formé, tout en sachant (et en ne recherchant pas non plus) qu’ils ne peuvent ni ne veulent une plus grande audience.
Les quelques 75 premières pages semblent donc une fiction qui peut intéresser (à dire vrai, elle m’a plutôt laissé de marbre !) ; mais c’est aussi faire une lecture superficielle qui ne tient guère compte des quelques interventions d’un personnage secondaire qui, tout en observant cette pratique, semble vouloir insinuer d’autres alternatives à cette pratique restrictive de l’art.
Et puis il y a une seconde partie : tous les acteurs de la première partie semblent être alors bannis de la société, poursuivis, voire persécutés, et il leur faut trouver constamment des refuges toujours plus sûrs. Et dans la fin étonnamment courte, le personnage observateur de la première partie semble s’intégrer totalement à ce groupe comme si …
Alors force est au lecteur de s’interroger : derrière ce récit ambigu, car il est à réducteur de la pratique de l’art (primauté donnée à l’amateurisme, par exemple) et en même temps il semble vouloir préconiser une généralisation de cette nouvelle pratique instaurée, il y a une réelle interrogation sur la place de l’art dans toute société, à commencer par la notre contemporaine.
Si semble prédominer cette exigence première de l’art comme outil de communication, par contre l’impasse est totalement faite sur la nature même de l’art ; il ne suffit pas de proclamer que tout le monde peut faire des vidéos, des photos, écrire des textes ou même de la musique, pour que cela suffise à générer l’œuvre d’art en tant que telle. Le lecteur risque donc de rester sur sa faim, car il aimerait bien qu’au travers d’un tel roman soit lancé le débat sur l’essence même de l’art ; et ce n’est pas parce que les « amateurs » vont être persécutés que pour autant ceux qui les poursuivent le font au nom de l’esthétique et de sa fondamentale exigence …
Et c’est là aussi où réside une autre ambiguïté de ce texte : il se pourrait fort qu’ils soient persécutés précisément et uniquement parce que leur volonté de communiquer est dangereuse pour toute société ; et on sort alors du champ purement esthétique pour rentrer dans celui beaucoup plus politique de la domination des êtres humains par quelques-uns.
Et en guise de boutade finale, je dirais que je préfèrerais infiniment plus être sous la coupe d’un Roland de Lassus ou d’un Mozart que d’un … Sarkozy (hypothèse complètement farfelue dans la mesure où les deux musiciens cités ne peuvent avoir eu de grandeur que parce qu’ils ont su aussi faire fi de toute prétention à un quelconque pouvoir humain).
Roman donc à ne pas lire comme un roman, car vous risquez fort d’être déçu par la simplicité de la trame, mais bien plutôt comme un essai sur ce qu’est la pratique de l’art … quitte à ce que vous soyez aussi déçus par tout ce qui n’est ni dit ni même suggéré !
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Rédigé par : Gundosziy | 18 décembre 2009 à 10:11