Khaled Al Khamissi : Taxi
Lors de nombreux déplacements en taxi, l’auteur collecte les avis de ses conducteurs sur de nombreux aspects de la société égyptienne contemporaine.
Entendons-nous bien, il ne s’agit absolument pas de faire œuvre de sociologie et de tirer, à partir de tous ces commentaires, une quelconque photographie de la société égyptienne en générale et cairote en particulier. Non, c’est un peu comme les nouvelles brèves qu’on peut recueillir aux comptoirs des bistrots.
Et à examiner de près toutes ces anecdotes l’on se rend compte que les aspirations des citoyens égyptiens sont très proches des nôtres ; ils veulent réussir à vivre de leur travail ? quoi de plus normal, et ils sont prêts à nombre de roublardises, ou même seulement à cumuler plusieurs emplois : version moyen-orientale du travailler plus pour gagner plus. Mais où est le progrès par rapport au slogan sarkozyste ? à moins que ce ne soit le même slogan qui soit rétrograde ? …
Ils veulent que leurs enfants réussissent mieux qu’eux ? Quoi de plus logique, et n’est-ce pas là le rêve de tous les parents, nous compris ? Alors, ils se plaignent de l’école, et des cours particuliers qu’ils sont obligés de faire donner à leurs chers chérubins ; mais ne voit-on pas chez nous-aussi fleurir ces boites à bachots, ou encore ne sont-ils pas nombreux ces parents qui font donner des cours de mathématiques à leurs enfants pour que ceux-ci décrochent au bac cette mention qui leur ouvrira nombre de grandes écoles où à défaut de classes préparatoires ?
Ils se plaignent de l’administration et de ces interminables heures passées à faire des queues auprès des bureaux, ou encore de ces bakchichs qu’ils sont obligé de donner … ici, si l’on n’en est pas encore au stade du pourboire ou dessous de table, par contre pour les queues, il n’est que de constater, par exemple, toutes celles qui se forment aux différents bureaux du Pôle Emploi ou des Caisses d’Allocations familiales, sans oublier celles dans les préfectures pour les passeports ou permis de conduire …
Ne parlons pas de leurs jugements sur leurs hommes politiques, à commencer par le premier d’entre eux, le Président Moubarak ! Comme ils pourraient s’appliquer aux nôtres !
Bon, vous ne le lirez pas comme un roman, ni encore une fois comme un traité de sociologie, mais vous passerez de grands et bienfaisants moments avec lui, vous vous surprendrez même à sourire dans certains épisodes croustillants, où la misère sexuelle sait être raillée juste comme il le faut !
Alors que pourrait raconter ce Khaled Al Khamissi si, d’aventure, il lui prenait fantaisie de faire quelques tours en taxis parisiens ?
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