Quand on voit les déclarations et l’attitude de certains anciens conseillers de l’Elysée et actuellement ministres, on ne peut qu’être frappé de la cassure de plus en plus profonde entre eux qui sont à l’origine des mesures gouvernementales et un certain nombre de Français (dont je fais partie) qui sont en principe gouvernés par eux.
La dernière en date de ces déclarations nous a été assénée par Claude Guéant, qui, extrapolant sur la volonté de la gauche (toute la gauche !) de permettre aux étrangers de voter aux élections communales, s’est exclamé qu’il ne voulait pas que certains départements de la banlieue parisienne voient leurs villes administrées par des maires étrangers. Il a bonne mine ce Claude Guéant : comment peut-il justifier que des étrangers soient jugés bons pour exercer un métier en France, le soient encore pour fonder aux yeux de la loi Française une famille, le soient encore plus pour payer des impôts au même Etat français, mais que d’un seul coup, ils ne le soient absolument plus pour exercer des fonctions d'élus politiques locaux au regard qu’ils n’auraient pas la nationalité française. Comment peut-on affirmer sans sourciller que des gens ont des tas de devoirs mais n’ont aucun droit ? Comment peut-on affirmer encore que des gens qui se comportent aussi bien (sinon mieux !) que d’autres ne pourraient pas participer à la gestion des affaires communales alors qu’ils font vivre leurs cités ? Et en quoi quelqu’un qui se comporte en bon citoyen, sans pour autant avoir la nationalité française, serait tout à coup un mauvais maire, ou tout au moins qui serait nuisible à sa cité ?
Si cela n’est pas de la xénophobie ou du racisme, alors quel sens ont ces mots ?
En tout cas cela ressemble fort aussi à demander aux Français de se méfier des étrangers ; et l’appel à la haine raciale n’est-il pas condamné par la loi ?
Il devrait le savoir cela, ce même Claude Guéant, lui qui est ministre de l’Intérieur et des cultes. Et avant de tenir des propos qui risquent de diviser encore plus les Français et de les couper de cette force vive que sont les travailleurs étrangers, il serait bien avisé de faire aussi son métier : faut-il oublier ces faits cruels que nous montre l’actualité quasi quotidienne, cette violence qui fait de la vie si peu de cas que pour quelques euros on n’hésite plus à tuer. Mais voilà à force de prêcher la haine vis-à-vis des étrangers, on en arrive à inculquer cette même notion très perverse vis-à-vis de tous les autres, et à renforcer un égoïsme dont les effets commencent hélas à se faire ressentir : s’opposer à des bas instincts (l’appât du fric, le désir sexuel exacerbé etc …) devient une condamnation à mort en puissance.
C’est donc cela que nous voudrions ?
Non merci, et une société heureuse ou en passe de l’être est une société qui accepte tous les autres quels qu’ils soient, et qui donne les mêmes droits et les mêmes devoirs à tous.
Ce n’est pas de l’utopie, mais force est de constater que les déclarations officielles renvoient à de plus en plus tard l’avènement d’une telle société.
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