Denis Lachaud : J’apprends l’hébreu
Frédéric, adolescent, suit ses parents en Israël. Il décide d’apprendre l’hébreu ; mais très rapidement il va s’assimiler à Benjamin Herzl, héros national, mort près d’un siècle auparavant. Il lui faut donc s’enquérir de ce qu’est un hébreu … il terminera dans un asile d’aliénés.
Curieux roman !
Sur un ton badin, presqu’insouciant, de celui que peuvent manier nos adolescents, et de la même façon que nous avons pu le faire autrefois. Parfois grandiloquent, ou encore énonçant avec force sérieux des vérités premières qui feraient sourire le premier des adultes rencontrés, mais toujours sous-jacents des accents sincères, voire naïfs.
Intéressant roman
Qui lie dans un (semblant de) désordre des retours en arrière ; pourquoi à tel endroit plutôt qu’à un autre ? Incohérence ? Comme cette enquête à laquelle il se livre sur la notion de territoire et qui intervient d’une façon très aléatoire
Et une quête importante sur la réalité du langage, la signification profonde des mots et comment les appréhender lorsqu’il ne s’agit pas de sa langue maternelle ; et par delà cette interrogation, une autre beaucoup plus importante sur sa propre nature,
Roman de réflexion sur des faits beaucoup plus importants
L’appartenance à un groupe, la famille ? elle est imposée,
A une race, mais on peut la choisir, surtout si on se trouve en accord avec ceux qui la composent,
L’appartenance idéologique ? L’assimilation de Frédéric à Benjamin Hertzl est une réponse sans équivoque … même si, en même temps, contradiction suprême, il est séduit par cette autre idée que les hommes puissent vivre en paix sur le territoire terre sans que pour autant une parcelle de ce territoire ne soit la propriété exclusive d’un groupe ou d’une personne.
En définitive, ce roman fourmille de mille questions, dont certaines qu’on a trop tendance à croire totalement réglées, alors qu’elles sont toujours d’actualité et toujours à réexaminer.
Un bain de jouvence qui ne fait pas de mal en ce début de 2012 où nous aurons vraiment besoin de tous nos neurones !
PS Actes Sud, 2011, 237p., 18,50€
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