Andrea Camilleri : L’odeur de la nuit
Gargano, un financier quelque peu véreux, entreprenant, et sachant séduire, réussit à s’approprier les économies de nombre de citoyens du bourg siciliens, Vigata ; il commence par leur verser des intérêts conséquents, puis, peu avant une autre échéance, lui et son principal employé, Pellegrino, disparaissent.
Le commissaire Montalbano va donc prendre en charge officieusement cette enquête dont la gestion officielle a été confiée à l’un de ses rivaux voisins.
Quelques femmes vont aider notre commissaire ; une fois encore grâce à elles (il ne serait pas Sicilien sans cela, et ce n’est absolument pas un cliché !), il va réussir à démêler nombre de mystères ; c’est l’étrangeté du comportement de Mariastella, secrétaire de Gargano, qui, à force d’intriguer, mettra la puce à l’oreille de Montalbano, et découvrira la pièce qui manquait depuis le début de cette enquête : le cadavre de Gargano., celui de Pellegrino ayant été trouvé un peu auparavant.
L’univers du commissaire est bien rodé ; c’est lui le boss d’une équipe composé essentiellement de deux adjoints, aux personnalités différentes, et d’un factotum, caricature du fonctionnaire dévoué mais d’une rare et truculente bêtise. Il y a toujours cette amoureuse lointaine, la Livia, du continent, qui arrive toujours au plus mauvais moment, mais dont l’amour est un véritable bain de jouvence pour le commissaire, et aussi un garde fou qui lui permet de résister aux assauts furieux d’autres représentantes de la gente féminine. Dans ce récit, elle porte un nom, Michela : de celle-là, n’allez surtout pas la rencontrer un soir au bord d’une route déserte ….
Univers dont l’enchantement est renforcé par l’usage d’une langue toute particulière, un Sicilien qui accentue le mystère de l’action : il y a des « trucs » dans cette langue, des diminutifs, des mots étranges tirés à la fois du latin et du français, d’autres mots qui tout en ayant la forme italienne la plus pure ont un tout autre sens, des formes verbales exquises. Bref un monde linguistique qui ravit tout amoureux des langues méditerranéennes.
Et encore une fois ce commissaire Montalbano !
Homme tellement homme qui sait se régaler de tout ce qui lui offre Dame nature, jusqu’à l’odeur de la nuit, en passant par ces bons petits plats que savent lui préparer aussi bien sa gouvernante que le gargotier du coin.
Mais aussi tellement commissaire ! Certes il sait se rebeller contre une hiérarchie toujours aussi suffisante et soucieuse de garder toutes ses prérogatives ; mais il sait, pour l’avancée de l’enquête et la découverte de la Vérité, aller jusqu’aux limites de ce qui est autorisé ; la façon dont il piège Michela en est l’exemple type.
Un excellent petit roman policier qui va bien au-delà, comme tous ceux écrits par Camilleri, et qui ne peut que ravir tous les lecteurs, qu’ils soient ou non inconditionnels de lui !
PS Editeur Sellerio Palerme, 2007, 221p., 10€
Il existe une traduction française « L’odeur de la nuti » aux éditions fleuve noir, pour 14,85€
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