Et maintenant !
La France et les français (moi entête), ont bonne mine ! Ainsi donc, déjouant tous les sondages, mais ceux-là on sait depuis longtemps qu'ils passent leur temps à se tromper, le FN réalise presque 28% de voix au premier tour de ces élections régionales.
C'est du reste ce qui rend très perplexe sur les motivations qui poussent les électeurs à voter pour un tel mouvement ; un certain nombre d'entre eux n'ont répondu aux sirènes du FN que sur la seule base d'un sentiment sécuritaire, oubliant que la sécurité et les forces de police voire l'armée, n'étaient en aucun cas du ressort des Régions. D'autres encore ont voté par rejet de ces forces politiques traditionnelles qui n'ont pas été capables (ce mot, c'est pour être gentil, en fait elles ne le veulent pas réellement !) de mettre en place au niveau national des politiques économiques qui favorisent l'emploi, ou assurent des revenus « corrects » ; et cela c'est valable aussi bien – on s'en doute – pour l' ex-UMP, que pour le PS, qui, arrivé au pouvoir, n'a fait que trahir tous ses engagements de campagne présidentielle. Mais ces politiques à mener, elles ne sont pas non plus du ressort des Régions.
Alors, est-ce pour autant que, comme se congratulait Marine Le Pen, le FN puisse être considéré comme le premier parti de France ? Ce n'est pas en additionnant une somme de mécontents qu'on peut prétendre être un parti politique, appelé à gouverner un pays. Les mécontents, ceux qui réagissent viscéralement sans que leur réflexion ne s'appuie sur de solides arguments politiques, ont toujours été la proie des dictateurs : des beaux parleurs qui savent les manipuler à loisir, en ne leur donnant comme seul matière à réflexion politique que leur haine de ceux qui sont mieux lotis qu'eux ! Et en la matière le FN ressemble tellement, dans ses méthodes, au nazisme, et aux dictatures de tout poil, comme celle de Staline !
Les autres leçons sont vraiment secondaires : que Les Républicains (je n'arriverai jamais à comprendre comment la Justice a-t-elle pu tolérer cette usurpation du mot !) aient subi un sérieux revers, ou que le PS s'en sorte un tout petit peu moins mal que prévu, tout cela est bien peu, par rapport au reste : l'enjeu du second tour !
Ce n'est pas tant la montée du FN que la riposte républicaine qui importe ! Et cette riposte ne passe pas forcément par les urnes. Il serait en effet illusoire de croire qu'on va restreindre l'influence du FN uniquement parce que les électeurs seraient, le contrer, passés des listes PS à celles des Républicains et vice versa. Illusoire pour la simple raison que ces deux partis « traditionnels » n'ont aucune ligne politique qui puisse résoudre les problèmes réels des Français. Jugement sévère ? Comment juger autrement cette aggravation constante du chômage depuis des décennies, l'augmentation du taux de pauvreté depuis des dizaines d'années ? Si à droite -on en doute –, comme à gauche – mais on se demande où elle est réellement la gauche – il y avait eu une volonté certaine de résoudre ses problèmes, nul doute que, quels que soient les obstacles, on ne soit arrivé à des résultats significatifs … mais de grâce qu'on ne cherche pas d'excuses du style, c'est la crise, ou encore c'est la faute à l'Europe ! Ce qui est certain, c'est qu'à force de ne pas vouloir déplaire aux financiers de tout poil, y compris les fameux fonds de pension, y compris aussi tous les paradis fiscaux dont le monde regorge, on laisse de côté tous ceux pour qui on avait déclaré changer le sort et qui continuent à survivre misérablement. Que ce soit le rôle de la droite, cela n'a rien d'étonnant, mais que la gauche, PS en tête, se soit livré à ce petit jeu et trahisse les aspirations les plus élémentaires dont elle s'était pourtant paré, alors oui, on comprend que l'électeur lambda et le citoyen le plus humble soient complètement démunis !
Alors il a voté FN ce citoyen.
Mais d'un seul coup devant la telle montée du FN, les forces politiques traditionnelles prennent peur, et veulent non pas se racheter, mais seulement trouver le moyen de conserver ce pouvoir qui est en train de leur échapper. Et leurs états-majors de se réunir, de réfléchir, non pas sur leur responsabilité, mais seulement de continuer à berner le peuple, tout en captant encore une fois sa confiance.
Alors là, je dis non !
Jamais le slogan sartrien des années 1970, « Elections piège à cons » n'aura eu autant de sens !
La révolte ce n'est pas d'aller grossir le FN, car ne nous faisons pas d'illusion, sa force n'est pas dans ses propositions, il n'en a aucune qui soit un réel progrès pour le quotidien des Français, je devrais dire des personnes qui vivent sur le territoire appelé France, la vraie révolte est de dire « m.... » à tous nos politiciens, d'aller voter nul pour leur faire comprendre qu'on ne croit absolument plus à leur simagrées électorales. Et qu'il est temps pour eux de se remettre radicalement en cause, eux et leurs pratiques de compromissions, de magouilles et autres manipulations toujours sur le dos de ceux qu'ils sont censés représenter. Et si ce langage de vérité, le seul que nous avons pour le moment, ne suffit pas, il ne nous restera qu'à investir ce champ politique qui reste libre et surtout à inventer. En tout cas, l'heure n'est plus à rester devant sa télévision, ou à boire des coups au bistrot du coin en refaisant le monde, et à assister impuissant aux décisions que d'autres prennent pour vous, non l'heure est vraiment à l'engagement collectif, pour que les choses changent.
On nous demande bien de le faire à l'occasion de la COP 21 pour que nous contribuions à sauvegarder quelque peu notre atmosphère ; et on insiste, comme s'il s'agissait d'un acte civique primordial ! alors pourquoi ne pas agir de même en ce qui concerne la gestion de notre quotidien ? Il y a quantité de démarches qui sont entreprises dans ce sens, des tas de mouvements de consommateurs alternatifs, pourquoi le domaine politique échapperait-il à cette nécessaire rénovation ?
Je terminerai par l'ultime provocation : une des rares phrases justes a été prononcée par Marion Maréchal Le Pen, lorsqu'elle s'est écriée que les vieux partis politiques étaient morts ! Elle ne pensait pas si bien dire, oui Les Républicains qui ne sont que des marchands du temps, oui le PS dont le socialisme n'est qu'un sépulcre blanchi, oui ceux-là sont bel et bien morts ; et redonner un sens au mot politique ce n'est pas en renforçant les Républicains comme le PS dans leur pratique illusoire, ce n'est pas non plus faire confiance au charlatan du FN, mais c'est prendre à bras le corps les problèmes de la Cité.
Plus que jamais il est nécessaire de redonner au mot politique un sens que tant d'hommes ont dénigré depuis tant de temps.
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