10 jours de découverte, c'est peu pour ces deux régions de l'Italie du Sud que sont la Basilicate et les Pouilles.
Il en faut beaucoup plus pour s'imprégner de cette vie grouillante si différente de la nôtre ; et en particulier des problèmes qui peuvent secouer la société italienne … comme par exemple le gros problème des « trivelle ».
Avant de partir, j'en avais entendu parler ; oh, certes pas dans nos radios ou télévisions nationales (dont on se demande de quoi elles peuvent bien parler, en dehors de ce qu'on veut que l'on pense : encore et toujours la sécurité, et accommodez-la à toutes les sauces, et dans tous les domaines, juste histoire de forcer le citoyen à penser qu'il n'y a que cela qui compte et que de cela au moins le gouvernement s'en préoccupe ! Quelle lamentable spectacle que cette intoxication auxquels se livrent les médias !
Non, les « trivelle » j'en avais entendu parler en allant sur certains sites italiens, comme « Tafano » (dont je ne vanterai jamais assez la puissance de raisonnement, et la rigueur de l'information !
Qu'est-ce les trivelle ? Mon dictionnaire me donne ce mot comme technique, instrument qui sert à opérer des sondages et donc des forages, sur terre comme sur mer.
Or il se trouve que dans l'immédiat après-guerre au moment où l'énergie a pris une importance capitale pour le développement économique de notre vieille Europe, l'Italie a promulgué une loi comme quoi les compagnies pétrolières pouvaient opérer des forages et exploiter la mer et ce … pour une durée indéterminée. Le résultat ne s'est pas fait attendre, et je l'ai malheureusement constaté : la première fois que je suis allé à Ravenne, c'était dans les années 60, les premières plate-formes pétrolières venaient de s'installer à quelques encablures du bord de mer … qui était encore propre et d'une clarté enchanteresse ! Mais hélas, cela n'a pas duré ! Une dizaine d'années plus tard, l'eau était trouble et l'on pouvait voir en sustentation des petites boules de mazout …
Cela s'est tellement empiré que nombreux ont été les amoureux de cette région (à commencer par moi!) à la déserter !
Est-ce un hasard si les champs d'huîtres de Porto Garibaldi (à une centaine de kilomètres au sud de Venise) ont été dévastés et que toutes les huîtres sont mortes : quel désolant spectacle que ces cimetières de coquilles vides sur les plages environnantes ! Elles ont du être nettoyées, mais il y a une trentaine d'années, j'en avais été profondément choqué.
Mais voilà, l'oeuvre de mort a continué, et maintenant, quand vous commencez à connaître un peu les gens des Pouilles, l'on vous déconseille fortement de vous baigner dans la région de Bari. Il y a eu une mobilisation et une prise de conscience telle devant les exigences des compagnies pétrolières qui voulaient étendre à toutes les côtes de l'Italie leurs explorations, qu'un referendum a été décidé pour abroger la législation et interdire, à terme, aux compagnies pétrolières de continuer à forer les fonds marins.
Le vote avait lieu ce dimanche, et les écologistes que j'ai pu rencontrer dans une petite ville comme Bernalda espéraient bien l'emporter !
Encore fallait-il qu'il y ait au moins une participation d'au moins 50% !
« Quels cons » ! cela a été mon cri lorsque j'ai vu le résultat ce matin dans La Repubblica !
Dire que devant un enjeu écologique et aussi sociétal d'une telle importance, il n'y a eu que 31% des Italiens à aller voter ! Et donc le referendum n'a aucune valeur !...
alors que : 85,8% des votants, soit 13.334.764 millions d'électeurs, se sont prononcés pour l'abrogation de cette loi, contre seulement 2.198.805, 14,2%.
Les écolo historiques français, à commencer par René Dumont ou Pierre Fournier doivent se retourner dans leur tombe devant un tel gâchis !
Les médias français ont raison de continuer leur travail d'intoxication : les Italiens nous le prouvent, le citoyen n'est qu'une marionnette entre les mains des véritables décideurs, ceux qui ont le pouvoir de l'argent avec l'énorme complicité des politiques.
S'étonne-t-on alors, que se révoltent, et y compris de manière violente, ceux qui ne veulent plus être des pantins parce qu'ils n'ont aucun moyen de prendre en main leurs destinées qui ne veulent pas mourir la « Gueule ouverte » ?
…
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