Acte 1 : un décor studieux qui accueille un congrès, celui des buralistes de France ; évidemment, pour eux, comme pour un grand nombre de Français, la crise est là : mais pour eux un peu plus, enfin, c'est ce dont ils sont persuadés et ils le crient bien fort. Il faut que les pouvoirs publics les entendent ! Quelle chance n'ont-ils pas, ne sommes-nous pas en période préélectorale ! Alors oui, tout là-haut on les comprend, on partage leurs inquiétudes, et oui, l'Etat va faire un geste, et notre sous-ministre (pardon, notre secrétaire d'Etat) chargé du commerce d'annoncer la bonne nouvelle : l'Etat va faire passer leur marge de bénéfice de 6% à 9% ;
Commentaire insolent : si toux ceux qui sont dans la mouise (et je pense aux millions de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté !) pouvaient voir leurs modestes revenus augmenter de 3% !
Acte 2 :
Mais comme on a, là-haut, tout là-haut, le sens de l'Etat et surtout qu'on ne veut absolument pas (intention plus que louable!) gréver le budget de l'Etat, alors on décide qu'on prendra cette somme supplémentaire sur les bénéfices des industries du tabac.
Autre commentaire insolent : le président commencerait-il à la fin de son mandat à honorer ce qu'il avait promis, et ferait-il enfin payer les riches ?
Acte 3 : Mais alors là, cela ne va plus du tout ! Ces messieurs qui fabriquent cigarettes, tabacs et autres cigares (1) ne voient pas du tout cela de la même façon, ils se fâchent et le font savoir : s'ils doivent être taxés pour payer cette augmentation de la marge des buralistes, alors qu'on se le dise, ils augmenteront d'autant le prix de leurs produits !
Encore un commentaire insolent ? Mais alors en définitive qui va payer ? Mais c'est bien sûr le cochon de consommateur … et qui va avoir bonne mine ? Pas l'Etat, en tout cas, car ses représentants (qu'ils soient de gauche, actuellement ou de droite, hélas comme prévu d'ici peu !) sauront trouver les mots pour noyer le poisson dans l'eau et se défausser avec une habileté que nos intellectuels, et les seuls patentés et reconnus de l'ENA, auront le génie de trouver. Par contre, L'INSEE sera au plus mal qui, tenant compte de cette augmentation du tabac, sera obligé de constater une augmentation réelle du coût de la vie … pour les répercussions économiques (vous savez, l'histoire du coup de l'aile du papillon dans l'hémisphère nord, qui provoque un tsunami extraordinaire dans l'hémisphère sud !) je laisse à nos économistes distingués, et ils sont très nombreux !, le soin de nous les décrire.
Le tabac, l'art d'enfumer ? Eh bien oui, car si vous rapprochez cette annonce de l'autre événement concernant le tabac qui a débuté le premier novembre avec l'opération un mois sans tabac, vous cherchez la cohésion entre les deux : d'une part j'aide ceux qui facilitent la mort à petit feu des citoyens (2), et d'autre part je contribue à les étrangler en faisant en sorte qu'ils aient moins d'acheteurs. Est-ce donc cela le vrai sens politique qui consiste à vouloir satisfaire tout le monde et son contraire ? Et si l'on juge une activité économique dangereuse pour la santé publique, ne faut-il pas mieux avoir le courage de trouver les moyens de la réduire, dans un premier temps, pour mieux la supprimer dans un deuxième temps et de proposer une autre place sociale dans la société à ceux qui vivent de cette activité dangereuse ! Si l'industrie -et aussi l'administration publique – est capable quand cela est nécessaire d'opérer des reconversions, pourquoi le commerce n'y arriverait-il pas ?
Promis, juré, le prochain quinquennat réussira cette transformation !
-1 Notez que je n'ai rien contre le cigare : du temps où je fumais, - mais j'ai arrêté de façon brutale et définitive la veille de mes quarante ans ! - j'avais un (grand !) faible pour cette chose là et sous toutes ses formes possibles, du plus rustre, vous savez le cigare toscan, roulé de façon très grossière dans la feuille de tabac, il vous emportait la bouche, durait tout le temps que vous désiriez puisque s'éteignant constamment, et qu'est-ce qu'il empestait … mais comme il était bon ! De ce cigare jusqu'au plus raffiné, le Havane à je ne me rappelle plus le prix en franc, mais il était cher !, sans oublier ces petits cigarillos, les Ninas … tiens, j'en saliverais presque !
-2 Qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : je n'écris absolument pas que les buralistes sont des assassins (ou alors il faut considérer comme tels tous ceux dont les activités économiques entraînent la mort, à commencer par les vignerons et autres producteurs d'alcool, ou encore les marchands et producteurs d'armes !), ce que je veux simplement écrire c'est que les buralistes vendent un produit qui peut entraîner la mort (j'en ai, hélas, vu nombre de mes amis qui sont morts de cancers du poumon dû uniquement à l'usage immodéré du tabac.).
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