De la contradiction comme nerf moteur de la politique !
Tiens, à écrire un titre pareil, j'ai l'impression de me prendre pour l'un des illustres penseurs du passé, de Montaigne à Nietzsche ! Bon, les fleurs sont chères actuellement après toute cette période de froid que nous avons connue, mais cela fait toujours du bien de s'en envoyer quelques-unes.
Je pourrais continuer en sous titre : quand le risible devient ridicule sans tuer !
Mais allons droit aux faits, les faits, toujours les faits et rien que les faits !
Il y a eu un débat passionnant mercredi dernier opposant deux prétendants (socialistes ? De gauche ?, les mots ont tellement peu de sens maintenant, et ont tant perdu de leur signification historique, qu'on ne sait plus trop à quoi ils correspondent (1)) ; Benoit Hamon et Manuel Valls se portant la contradiction mutuelle entre autres sur le Revenu Universel et sur le travail. Le premier me semblant davantage rejoindre la pensée socialiste, telle qu'elle a pu s'exprimer historiquement, en préconisant une réduction du temps de travail, incluant donc la notion essentielle de partage du travail, et surtout avec cette considération fondamentale que la société ne doit pas être basée principalement sur le travail (2) ; le second -là, je vais te faire bondir cher lecteur, mais accorde moi-la grâce de me lire jusqu'au bout !- se rapprochant beaucoup plus de la tristement et historiquement célèbre formule, « travail, famille, patrie ».
Débat passionnant qui devrait permettre d'éclaircir tous les autres débats politiques à venir lors de la prochaine campagne présidentielle, et en particulier d'opposer la « gauche » (?) à la « droite ».
Enfin c'est ce que je pensais jusqu'à il y a quelques jours, jusqu'à ce qu'éclate l'affaire Fillon.
Oh qu'elle est riche d'enseignements cette affaire ?
On pourrait les reprendre tous, les un après les autres, et en faire nos délices pour montrer que les hommes politiques n'ont pas la pureté qu'on est en droit d'attendre d'eux. Mais cela ne m'intéresse pas, car même si c'est en partie vrai, je n'ai pas la moindre envie de m'inscrire dans cette volonté qu'ont des gens comme Trump (Ah celui-là !) ou Marine Le Pen de décrier le politique.
Pour moi l'affaire Fillon porte en elle-même l'essence de la dérision !
Oyez tous bonnes gens !
Voilà un candidat qui veut supprimer les 35 h afin de faire travailler toujours plus le quidam lambda … et que laisse-t-il faire à sa femme ? Embauchée sur 20 mois à la Revue des Deux Monde, pour la modique somme de 100.000 €, elle va accomplir cet épuisant travail d'écrire deux petites notices sur deux livres ! Bigre, mettre en moyenne dix mois pour écrire quelques lignes ! C'est vraiment ce qu'on peut appeler se tuer à la tâche ! Inutile de vous dire qu'à ce point-là, votre serviteur et rédacteur d'eontos est complètement épuisé et … évidemment immensément riche - faites le compte, 1641 articles écrits en 13 ans !, soit en moyenne 126 articles par an, plus de cent fois Madame Pénélope !
En tout cas je trouve admirable cette marque d'amitié qui unit Fillon et Marc Ladreit de Lacharrière : accepter de débourser 5000€ par moi, pour qu'en 20 mois il n'y ait que deux articles qui soient publiés ! C'est une preuve de désintéressement qui n'a vraiment pas de prix ! Il faut dire que le talent ne saurait en avoir !
Mais il y a mieux !
Voilà un candidat qui, au nom de la rigueur économique, dénigre et refuse bien évidemment toute notion de revenu universel, et que fait-il donc ? Accepter que sa femme soit payée 100.000 pour si peu de travail, n'est-ce pas considérer ce salaire comme un revenu Universel ? Décidément Benoit Hamon, fait vraiment petit à ne proposer que 600€ !
On ne va pas revenir sur ce qui semble être de plus en plus un emploi fictif, ce serait faire injure à la probité de ce futur et sans doute ex président de la République ; on se permettra seulement de reprendre quelques points de la défense que Fillon a faite de son épouse : elle corrigeait pour lui ses discours ? Oh Dieu, mon âme de féministe se révolte, n'était-elle donc pas capable de les écrire à sa place, ce qui lui aurait dégagé alors bien plus de temps pour s'occuper du bien public ? Elle le représentait dans un certain nombre de manifestations publiques ? Mais comment a-t-elle pu le faire, elle qui était alors tellement transparente que les journalistes locaux ne l'ont même pas remarquée ?
Tout cela m'intrigue et m'amène à m'interroger en tant que simple citoyen sur ce point essentiel : comment peut-on être employeur et en même temps lié(e) affectivement à son employé(e) ? N'y-a-t-il pas là conflits d'intérêts qui autorisent alors de fait tous les abus !
Mais, fi donc ! Quel indigne citoyen ne fais-je pas là ? Le député par définition n'est-il pas un parangon de vertu ? Alors n'est-ce pas faire preuve de mauvais esprit que de le suspecter de profiter un tant soit peu de sa fonction ?
Je termine encore dans la dérision ? Un proverbe populaire proclame haut et fort que l'oisiveté est mère de tous les vices ; j'applaudis des deux mains, mais l'affaire Pénélope Fillon ne montre-t-elle pas que le travail considéré comme seule source de richesses entraîne des excès bien pires que l'oisiveté ? Vous voyez bien qu'une société basée sur le seul travail et les richesses qu'il peut procurer, telle que nous la présentent la droite et/ou les sociaux libéraux, comme un certain Valls, est une société viciée et génératrice des pires malversations !
Comme le hasard fait mal les choses ! J'avais prévu dans ma petite tête, de gloser sur Trump et les méfaits assurés que sa politique va engendrer pour le peuple américain, mais aussi pour le monde entier … mais voilà, Pénélope Fillon m'oblige comme une des anciennes homonymes à remettre encore une fois sur le métier un el article : sera-ce pour la semaine prochaine ?
-1 Sauf sans doute à permettre aux adversaires de se les renvoyer comme des injures !
-2 Est-il besoin de rappeler ce que le travail peut avoir d'aliénant ?