Une information m'a sauté aux yeux, mais en même temps m'est parue de prime abord tellement incongrue que je n'ai osé l'accepter ; à quelques jours du 1er avril certains médias (télé et journaux) refusaient de céder à la tradition de la fameuse blague dudit 1er avril de peur d'ajouter à la confusion qui anime et emballe parfois la campagne présidentielle française.
Je me suis interrogé et continue de m'interroger sur le bien fondé d'une telle décision : qui ne se souvient parmi les anciens de cette fameuse blague à laquelle nous avons échappé en 1974 lorsque le président de la république Georges Pompidou a eu le bon goût de trépasser dans la nuit du 1er au 2 avril ?… à quelques heures près qui aurait pris au sérieux cette annonce ? Et pourtant je me souviens encore de cette farce vécue un 1er avril par un ami : jeune militaire il faisait du stop lorsque pris par un quidam, il a été obligé de faire tout le trajet dans le coffre de la voiture au prétexte que, le général de Gaulle étant mort, toutes les forces armées avaient été consignées dans les casernes et qu'un militaire hors caserne risquait la peine de mort pour désertion !!!
Nostalgique donc de cet esprit franchement canulardesque (1) ? Eh oui j'aurais aimé des nouvelles de ce style : au niveau national qu'un certain François Fillon dans une déclaration solennelle se déclarerait incompétent pour prétendre imposer une moralisation de la vie publique lui qui a passé son temps à tricher et donc se retirerait de la compétition électorale ! Cela aurait eu de la gueule (2) d'autant plus que cela aurait corroboré les déclarations de biens différentes bien sûr qu'il a été amené à faire en tant que candidat (3) ! Mais non rien de tout cela, sauf ce que j'ai cru être un vrai canular digne du 1er avril et qui ne l'était pas : l'entretien entre Emnanuel Macron et Christian Estrosi ! Je sais bien que les partisans du premier ont déclaré urbi et orbi (4) qu'une telle rencontre était normale qu'elle n'était que la concrétisation de cette nouvelle volonté de tenir compte de tous les aspects positifs que chacun des grands leaders et courants politiques pouvaient avoir sur la conduite des affaires françaises ; j'entends bien cet argument, mais, pour moi il est complètement erroné ! Et transposons pour une fois ! Imaginons qu'Emmanuel Macron soit un architecte et que vous lui demandiez de vous construire un bel hôtel particulier ; cet architecte spécialiste de rien et amoureux de tous les styles va alors vous proposer un imposant édifice avec une façade, dont les fenêtres iront de la meurtrière d'une forteresse médiévale à une immense baie vitrée contemporaine, en passant par des fenêtres rectangulaires Renaissance, sans oublier les ouvertures bi ou tri ogivées gothiques l Et comme il aura fallu à l'intérieur respecter les mêmes styles vous passerez de la pièce minuscule et bas de plafond à une autre immense et de hauteur impressionnante ! Bref, vous n'aurez qu'un toit, qu'une maison, mais sans le moindre aspect fonctionnel, et vous présentant à l'usage quotidien des difficultés insurmontables, sans oublier un aspect extérieur d'une laideur invraisemblable. Voilà donc en gros ce que promet pour la France un Emmanuel Macron en tentant de ratisser tellement large que même si chacun peut avoir une seule idée, elles seront tellement incohérentes entre elles ces idées qu'elles en deviendront inapplicables ! Naïvement j'ai pensé que l'entretien Macron-Estrosi ressortait de cet esprit canulardesque, et je m'en réjouissais quelque peu, ne serait ce que pour sauver quand même l'intelligence de quelques-uns des nouveaux soutiens de Macron … mais non, c'était bien la réalité ! J'en connais qui ont vraiment bonne mine !
Mais j'ai compris ce que pouvait aussi signifier ce refus de sacrifier dans cette période à la tradition du 1er avril. Il faut aussi sauver le peu de réputation que peut avoir encore le « politique » ; il faut refuser de faire croire que tous les politiciens sont véreux : le « tous pourris » est indigne de la conception même que l'on peut avoir de la démocratie ; les politiciens ne sont que la représentation de la société : si on accepte que dans une société il y a 1% de malhonnêtes, alors il faut l'accepter pour le monde politique, et ce n'est pas ce 1% qui doit occulter les 99% qui restent ! Quand je faisais référence plus haut au général de Gaulle ou à Georges Pompidou, c'était bien parce qu'ils représentaient encore en politique (même si on n'était absolument pas d'accord avec leur ligne politique) une idée de l'honnêteté, de la morale.
Alors oui, je reste un vieux nostalgique du 1er avril… non parce que c'est une forme du passé, mais parce qu'elle représente la permanence de valeurs qui protègent la société de la tentation de l'individualisme.
-1 Il faut bien de temps en temps inventer un mot : c'est contribuer fort modestement, je l'avoue, à la richesse et à l'évolution de la langue française, et en cela aider nos pauvres académiciens qui ploient sous un immense labeur. Et toute modestie mise à part, c'est perpétuer cette lignée qui va de Rabelais à San Antonio et qui permet à toute langue de rester vivante !
-2 J'aime beaucoup cette expression pourtant triviale, mais qui signifie si bien ce qu'elle veut dire !
-3 Ceci (comme curieusement pour Marine Le Pen) est un fait totalement objectif qui montre bien la volonté de cacher la réalité de leurs possessions, comme si … et de tricher par conséquent !
-4 Ce n'est pas choquant d'utiliser cette expression d'origine purement catholique et pontificale, dans la mesure où, pour de nombreux Français, Emmanuel Macron apparaît comme le nouveau pape de la politique française !
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