EONTOS

Actualité : absurde !

Un coup de téléphone, anonyme, il sa sans dire, et une voix jeune, l'auteur aurait été un gamin de 17 ans (j'écris gamin volontairement, car se comporter à 17 ans de cette façon et faire preuve d'un tel manque de jugement et d'une telle irresponsabilité, ce serait bien plus le fait d'un enfant de 7 ou 8 ans !) ; il faut dire à la décharge de ces deux adolescents, que les esprits quelque peu fragiles ne peuvent qu'être incités à ce genre de comportement quand on voit avec quelle complaisance et à l'aide de détails toujours plus précis la télévision à sensation (et j'inclus dedans les chaînes dites du service public) rend compte du moindre attentat terroriste et de la moindre tentative (supposée ou réelle, mais cela on ne le précise jamais!) d'attentat.

Un canular donc du plus mauvais goût et totalement inimaginable dans la période actuelle !

Mais la réaction des autorités est aussi complètement absurde, car tellement démesurée ; au lieu de s'assurer de la véracité de la prise d'otages, en envoyant par exemple une patrouille de police, ou bien en appelant directement le lieu prétendument impliqué, elles sortent tout de suite le grand jeu : déploiement ahurissant de toutes les forces possibles, police, gendarme, brigades d'intervention, hélicoptère etc … on a eu de la chance, on n'a pas fait sortir les chars des casernes !

Me sont alors revenues à l'esprit certaines anecdotes dont j'ai pu être le témoin ; c'était dans les années 80-90 au moment où Paris était, déjà, victime d'attentats meurtriers. Dans ma cité scolaire, il y eut une première alerte à la bombe, par précaution, on a fait sortir les élèves et on les a mis en sécurité, pendant que les pompiers et policiers s'activaient pour chercher une bombe qu'ils ne risquaient pas, et pour cause, de trouver !

Quelques semaines plus tard, une voix de jeune prévenait par téléphone la direction qu'une bombe allait exploser ! Que fit la direction ? Forte de son expérience précédente, elle confondit ce « jeune » qui en fut pour ses frais, car, bien évidemment on n'évacua pas la cité scolaire … qui ne connut plus par la suite d'alerte à la bombe !

Un peu de sang froid et surtout de jugement (mais cela va de pair !) n'est-ce pas ce qu'on est en droit d'attendre de ceux qui nous gouvernent ou qui ont en main notre propre destinée ?

On comprend aisément ce qu'un tel déploiement de forces a dû coûter ! … et comme cet argent aurait-il été mieux utiliser à donner améliorer la formation des policiers, pour éviter ces bavures qui sont toujours de trop, ou pour en recruter d'autres !

Mais là où l'absurde culmine, c'est que l'Etat se porte partie civile et va demander aux familles des deux mineurs incriminés de rembourser les sommes qui ont été dépensées ! Face à des adolescents qui font du très grand n'importe quoi, l'Etat réagit de la même façon, au lieu de donner l'exemple et de réfléchir un tant soit peu, et il voudrait alors se dédouaner de son incompétence à gérer une situation en demandant aux familles des premiers à payer les conséquences de son incurie !

Incroyable, pardonnez-moi, il y a vraiment des coups de pied au c... qui se perdent !

Autre exemple sublime de l'absurde !

Quand j'ai fait mes études en sixième (et pas seulement mais aussi avant et après !) en Tunisie, on s'était bien amusé, à posteriori, à lie nos livres d'histoire où il était écrit noir sur blanc que nos ancêtres étaient les Gaulois … et l'on s'imaginait le petit tunisien qui apprenait très consciencieusement cette « vérité », car ne pouvait être qu'une vérité, vous avez déjà vu des historiens dire autre chose que La Vérité ? Heureusement l'Indépendance de la Tunisie a mis bon ordre à cette magnifique escroquerie intellectuelle dont les Tunisiens étaient (comme les Algériens, marocains et toute autre peuple africain colonisé !).

Par la suite, heureusement l'Histoire s'est quelque peu affinée, et le territoire géographique qui constitue la France d'aujourd'hui s'est vu peuplé, en même temps que les Gaulois, de Romains, Celtes, Francs, Wisigoths, et tout de suite après d'arabes … on s'arrêtera là, même si j'ai bien conscience que j'en ai oublié de ces peuples dont l'influence a été tout aussi déterminante pour forger notre propre identité culturelle : qui occupait par exemple l'Occitanie, a qui l'on doit tant de merveilleux troubadours ?

Mais arrêtons-là l'Histoire avec la fin des arabes sur le territoire de la Gaule, car après les Gaulois ont cessé « officiellement » d'exister pour être remplacés par les Français !

On pouvait donc penser en toute quiétude intellectuelle que la phrase « nos ancêtres les Gaulois » était passée aux oubliettes des plus belles galéjades qu'un nationalisme exacerbé était capable de produire en dehors de toute vérité historique.

Mais non, resurgit à toute vitesse et au grand jour la question de l'identité nationale, et hop, simplifions, schématisons au maximum, et puisque les étrangers nous inquiètent, que ne viennent-ils faire chez nous, si ce n'est prendre nos femmes et notre boulot, alors opposons-leur notre unité gauloise, et s'ils veulent vraiment s'établir chez nous, alors qu'ils deviennent à leur tour gaulois !

Mais bigre de bigre, peut-on m'affirmer le plus sérieusement que nous sommes gaulois et seulement gaulois ? N'y-a-t-il pas du sang méditerranéen en nous, les Romains et les arabes ne sont-il pas passés par la Gaule aussi ? N'y-a-t-il pas du sang d'Europe de l'est en nous, les Wisigoths n'ont-ils pas flirté avec le nord de la Gaule ? Et les Celtes : des Gaulois, certes mais si peu (comment oublier que la culture celte allait de la Roumanie jusqu'au fin fond de l'ouest actuellement anglais)… j'en passe encore et sûrement des meilleurs !

Mais voilà le reconnaître ce serait d'un seul coup faire tomber l'argument massue que, pour vivre en France, il ne faut pas accepter les diversités culturelles, et du coup seraient réduits au silence tous ces manipulateurs qui font de l'identité nationale leur fond de commerce.

Alors oui, je trouve absurde que des pseudos ténors de l'opposition remette au goût du jour « nos ancêtres les Gaulois », c'est faire une double injure : d'abord à nous mêmes dont notre richesse est précisément issue de la diversité des cultures que notre territoire a connues ; et injure aussi à ceux qui veulent venir se réfugier chez nous, car c'est leur dénier cette vérité fondamentale qu'eux-aussi ont une culture, sans nul doute aussi riche que la notre, et qu'eux comme nous, nous avons tout à gagner à partager nos cultures, à les confronter !

Je trouve choquant qu'un ancien Président de la République ose encore se servir de cette réduction de simples fins électorales :

-choquant, car il montre à quel point il est limité intellectuellement, et donc forcément complètement disqualifié pour prétendre à exercer à nouveau la plus haute fonction qui soit,

-choquant surtout car il prend vraiment ses électeurs pour des minus habens qui ont comme lui une immense absence de connaissances historiques : cela s'appelle de la manipulation, et cela le disqualifie aussi pour briguer un second mandat de président de la République ; j'ose espérer que les adhérents du Parti les Républicain auront plus de jugement !

Mais le monde politique est fait de tant d'absurdités qu'il serait vain de vouloir les supprimer … ce serait un peu comme le combat d'un Don Quichotte contre les moulins à vent !

 

 

 

Bruxelles, hélas !

Encore une fois !

 

C'est par naïveté qu'on reçoit encore l'innommable !

Encore une fois, pouvait-on en douter ? Le fanatique ne peut connaître par définition les limites que la seule raison, à défaut du bon sens, pourrait lui commander.

Il avait frappé à Paris, c'est maintenant au tour de Bruxelles, et demain ?

Chaque fois, sans oublier ces attentats perpétrés aussi en Afrique, de la Tunisie à la Côte d'Ivoire, ce sont les mêmes scènes où la désolation et l'horreur se mêlent, comme seules justifications d'une foi en perdition.

Chaque fois, ce sont les mêmes douleurs que d'innocentes victimes renvoient à la face du monde, images impudiques que les médias, voyeurs par excellence, n'ont même plus la décence de cacher, tant il faut croire que l'être humain se délecte de la souffrance d'autrui, comme d'une nourriture de premier choix !

Chaque fois des politiques, tartuffes sans nom, ne manifestent de la compassion que parce qu'ils sont impuissants, incapables d'agir, relayés qu'ils sont par toujours plus d'experts, toujours plus savants, ou plutôt dont la science se mesure à l'aptitude qu'ils ont de parler, de manier des mots et des concepts toujours plus complexes, et à l'incapacité qu'ils ont de proposer quoi que ce soit pour éradiquer définitivement ce mal ! !

Ah oui, agir !

Gesticuler, plutôt, cela on sait le faire : en grand, et en très grand même ! Chaque attentat amène son lot de mesures répressives, de lois antiterroriste, jusqu'aux plus absurdes comme celle de proposer la déchéance nationale !

Ce sont, chaque fois, des déploiements de forces de plus en plus nombreuses ! Qu'importe que les libertés publiques puissent être bafouées, la sécurité l'oblige, circulez, il n'y a rien à voir ! Je n'aurais certes pas l'outrecuidance de dire que toute cette agitation ne sert à rien, ce serait nier la réalité et en particulier l'importance avérée des enquêtes menées sur le terrain.

Mais allez-vous soigner un abcès dentaire par un seul analgésique ? Certes il vous soulagera la douleur, mais ne traitera absolument pas au fond votre mal !

Il en est de même avec les mesures militaires ou de police que l'on prend après chaque attentat : elles n'empêchent pas d'autres fanatiques d'en commettre d'autres …

Pourtant certains remèdes sont connus, et il suffirait de les mettre en place pour commencer à combattre sérieusement le fanatisme. Peut-on m'expliquer à quoi cela rime de répéter de façon incantatoire qu'il faut une union de tous les pays pour lutter contre ce fanatisme, si on est pas capable d'imposer cette union ? Expliquons-nous.

Le terrorisme c'est essentiellement le fanatisme islamiste de Daech, et donc de la « fameuse » république islamiste qui se trouve en partie en Syrie et en partie en Irak. Daech l'a bien compris, le nerf essentiel c'est l'argent ! Et comment l'obtient-il ? De façon simple, en vendant le pétrole dont il s'est emparé. Il y a donc d'énormes trafics tant pétroliers que d'armes sur lesquels certains pays ferment les yeux, quand ils ne les encouragent pas ; on a tant et tant dénoncé le fait que la Turquie ait livré (et sans doute encore maintenant) des armes à Daech ! A qui voudrait-on faire croire que l'Europe et l'Occident n'aient pas les moyens de faire pression sur la Turquie pour que cessent ces trafics. Et à qui voudra-t-on faire croire que nos politiques n'aient pas les moyens de faire pression sur les banques d'affaires pour que cessent tous ces marchés que Daech passe pour la vente de « son » pétrole. Le libéralisme devra quand même bien céder le pas devant la morale ! Il y a la corruption active, celle que dénoncent avec toujours plus de vigueur nos hommes politiques, et ils ont raison, mais combien plus pernicieuse est celle souterraine et sur laquelle nos mêmes hommes politiques ferment les yeux, tant ils en profitent indirectement ! Est-il besoin de vous faire un dessin ?

Alors de deux choses l'une, ou nos politique ne sont pas capables de mettre en œuvre ces moyens de pression et de contrôle, et alors ils dont indignes de nous gouverner, et qu'ils cessent donc de verser des larmes de crocodile à chaque attentat commandité par Daech, ou alors s'ils le sont, qu'ils agissent effectivement, et qu'ils ne se contentent pas de quelques mots de compassion. Cela leur demandera sans doute beaucoup de courage, mais ce serait de leur part montrer que la « res publica  » (chose publique) est bien au centre de leurs préoccupations

Car, une fois taries ses sources financières, le fanatisme aura de plus en plus de difficultés à organiser ses attentats.
Mais je n'ai pas la naïveté non plus de croire que ces actions seraient suffisantes.

Non, je suis intimement convaincu que la lutte contre le fanatisme (et donc les attentats que nous connaissons) passe aussi et surtout par l'éducation ; c'est un travail de très longue haleine, mais c'est le seul qui à terme sera totalement payant : faire reculer l'ignorance, montrer que l'endoctrinement, de quelque nature que ce soit, n'est que le fruit de l'ignorance, faire en sorte que la raison puisse s'exercer, est un immense travail pédagogique qui prendra du temps, et aussi beaucoup de moyens humains ; mais c'est le seul qui saura tarir le recrutement de mercenaires et de kamikazes.

Mais est-il encore temps d'espérer ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Charlie-Hebdo, il y a un an !

                                               

 

Comme de très nombreux citoyens, et pas seulement Français, j'attendais avec impatience cette couverture anniversaire de Charlie-Hebdo.
Bien que, et pourquoi le cacherai-je ?, j'ai été un tantinet surpris que ce journal satirique ait voulu commémorer cette date ; qu'en auraient pensé entre autres un Cabu ou un Wolinski (sans y, s'il vous plaît !) ? Mais impossible d'y échapper, nous autres humains sommes ainsi faits que si nous n'avons pas de symboles – et c'est ainsi qu'on crée aussi les religions – auxquels nous rattacher, on se croit perdu définitivement et incapables de supporter notre condition humaine. Mais comme de toutes les façons on ne l'aurait pas demandé leur avis ; alors autant accepter cet état de fait.
Donc une fois résigné à cette commémoration, j'attendais avec impatience cette couverture (je n'ai pas encore eu le temps de lire, que dire lire, savourer les textes de ce numéro de Charlie-Hebdo, en général, il me faut la semaine pour le lire à ma vitesse, et le déguster … ).
Quel talent, quelle force idéologique, quel sens de la synthèse dans ce dessin ! Chapeau, Riss s'est vraiment dépassé, et même si c'est une équipe qui décide collectivement, il n'empêche alors que cette équipe fait preuve d'une extraordinaire sens politique et philosophique ! Ah si seulement toute la presse dite d'opinion pouvait avoir la même force, on ne verrait pas tant de moutons se précipiter sur des pseudos idéologique aussi néfastes que celles prônées par le Front National ou les radicaux islamistes !
Et en face, quelle misère de notre société !
Ne pas être capable de faire autre chose que d'apposer des plaques ou d'inscrire le victimes sur la promotion de la Légion d'Honneur ; que cela est petit, et comme, mais nous en sommes tous persuadés, Cabu et les autres l'auraient refusé (cf. plus haut) ! Petit, cela me fait penser à la phrase trop célèbre de l'Evangile (mais oui, il faut bien de temps en temps le citer !), lorsque le Christ s'adressant aux pharisiens (1) les traite de sépulcres blanchis. On ravale des façades, on ne sait faire que cela, mais l'intérieur est totalement pourri : l'hypocrisie en matière politique est devenue la maîtresse souveraine ! Je rogne avec allégresse sur les libertés publiques (cf. le débat sur la déchéance nationale et sur l'Etat d'urgence) Mais dehors, je tente de montrer à quel point je défends la Liberté d'Expression, j'ai même la larme aux yeux en embrassent la mère d'une victime.
Hypocrisie et aussi indécence.
Il y aurait beaucoup plus de logique intellectuelle, de courage politique à s'adresser à nos philosophes, et il n'en manque pas, (bien évidemment je ne parle pas de ceux de salon à la Luc Ferry !) pour qu'ils se mettent au travail et écrivent un opuscule à la portée de tous les élèves, de la sixième à la terminale, sur la liberté d'expression, sur tout ce qui l'entrave, et tant pis si on doit déplaire à ceux qui en profitent et versent des larmes de crocodile ; et que notre jeunesse, celle qui fera notre pays de demain, en tire la « substantifique moelle », cela aurait bien plus de portée que de vouloir réapprendre la Marseillaise, dont certains couplets sont aussi ridicules que certaines pages d'un dénommé Eugène Sue « Et sa main était aussi froide que celle d'un serpent ! » !
Mais comme chacun sait, il ne faut point trop réfléchir, c'est mauvais pour ceux qui derrière les marionnettes politicardes tirent la réelle ficelle du pouvoir.
Je propose donc à vous tous qui me lisez d'honorer ceux que la barbarie a tués, il y a un an, en vidant un bon gobelet de vin, à vous de choisir celui qui vous plaira, car  toutes ces victimes auraient apprécié de le boire avec nous ; et en plus c'est une façon de faire un pied de nez à ces barbares dont la seule raison de vivre est de supprimer le plaisir ! Ajoutez une page de Cavanna, Onfray ou Diderot, vous avez le choix, et tout en écoutant un quatuor à cordes (un Beethoven ou un Onslow), alors, vous vous sentirez libre de cette liberté qu'ont tant choyée Cabu, Wolinski et les autres  !

(1) : ne comptez-pas sur moi, pour vous définir ce qu'étaient les pharisiens, je n'en ai ni l'envie ni le temps, et il y a d'excellents dictionnaires qui le feront mieux que moi.

Tunisie : la lâcheté de barbares

 

            

Le fanatisme a encore frappé et avec quelle violence, hier à Tunis, dans l'un des plus hauts lieux culturels de tout le Maghreb, le musée du Bardo.

 

Si c'est au nom de « Allah qbar » (Dieu est grand), qu'on s'arroge le droit de tuer des innocents, alors ce Dieu-là n'est pas grand, qui détruit la vie d'innocents ; il ne mérite même pas le nom de Dieu !

 

Si c'est au nom de « Allah qbar » (Dieu est grand), qu'on s'en prend à un musée, témoignage de l'histoire de l'humanité, alors ce Dieu-là n'est pas grand, qui refuse la vie de toute pensée ; il ne mérite même pas le nom de Dieu !

 

Si c'est au nom de « Allah qbar » (Dieu est grand), qu'on s'en prend à des touristes, à des invités qui apportent de la richesse (et pas seulement matérielle), alors ce Dieu-là n'est pas grand, qui refuse le bien-être de ses croyants ; il ne mérite même pas le nom de Dieu.

              

 

Oui, je suis en colère contre ces barbares qui transforment une religion et un Dieu qui devraient être grands, en fantoches et doctrines de nazillons, uniquement pour asseoir leur pouvoir et satisfaire leurs égos imbéciles.

 

Car ce sont des barbares indignes du nom d'êtres humains qui veulent tout foutre en l'air, et même pas au nom d'un progrès pour l'humanité, mais seulement parce qu'ils ne savent pas lire (le Coran ne dit rien de tout ce qu'ils préconisent), parce qu'ils ne savent pas réfléchir (comment s'en prendre à des statues de divinités vieilles de plusieurs millénaires au prétexte que des gens les idolâtraient au lieu d'adorer le vrai Dieu, dont ils ne pouvaient qu'ignorer l'existence, puisque le Coran n'a été écrit que 4 ou5 mille ans plus tard !).

 

Ce sont des barbares, ceux-là mêmes qui préfèrent la lâcheté des balles à la rigueur du raisonnement, qui cèdent à la faiblesse de la force des armes contre la force de la pensée sans armes.

 

Oui, je suis en colère contre eux, ces barbares qui s'attaquent à cette Tunisie devenue dangereuse pour tous les fanatiques comme eux, parce qu'elle est devenue ce symbole de ce qu'un peuple est capable de faire pour secouer le joug de tous les tyrans politiques et religieux.

 

Oui, j'ai mal pour cette Tunisie que j'ai tant aimée et dont j'admire le courage de la population. Puissent ces Tunisiens exorciser, avec si besoin notre aide, tous ces démons qui veulent les détruire !

              

 

Gwenaëlle Aubry : du très bon et du moins bon, dommage.

Gwenaëlle Aubry : Partages

 

Destin croisé de deux jeunes filles dont les communautés s’opposent : Sarah, la juive d’origine polonaise et qui a vécu aux Etats-Unis et qui en est partie pour s’installer en Israël, et Leila, la palestinienne qui vit dans un camp de réfugiés, un de ceux dont les révoltes ont ébranlé le monde.

Au début, j’ai franchement détesté : impossible de se mettre dans cette dualité fictionnelle, et pourtant tout à fait possible et probable même. Le style ? Sans nul doute où les phrases se cherchent dans une très difficile unité ; et elles m’agacent lorsque, par une fantaisie de leur auteur, elles se mettent à dépasser la dizaine de lignes. Le fond ? Je me fatigue très vite de cette mauvaise conscience qu’on trimbale derrière nous et à notre corps défendant : celle de n’avoir pas su s’opposer aux pogroms et autres exterminations des juifs, et en même temps celle d’avoir laissé les Palestiniens dépossédés de cette terre ancestrales au profit des Juifs. A dire vrai, elle m’énerve cette contradiction sentimentale dans laquelle certains veulent à tout prix nous enfermer. Elle m’énerve d’autant plus lorsqu’elle n’est qu’émotive, à fleur de peau, sans pousser un peu plus l’analyse historique et politique.

Et c’est pour cela que les premières pages de ce roman m’ont profondément irrité.

Tout autre aurait abandonné à son triste sort ce roman. Mais je n’aime pas m’avouer vaincu, et un livre entre mes mains, c’est comme un plat : tant que je n’ai pas avalé la dernière bouchée, je ne peux en juger ; il me semble que même dans le plus mauvais, il doit y avoir dans les derniers morceaux une saveur qui viendrait annihiler la mauvaise impression de tout le reste.

Donc j’ai poursuivi ma lecture … en oubliant que l’auteure de ce roman, philosophe, devait avoir aussi l’habitude de la réflexion, ce que les pages suivantes ont confirmé pour mon plus grand bonheur : car derrière le passé et surtout le présent de ses deux héroïnes, il y a toute une série d’interrogations et d’affirmations politiques qui viennent asseoir les réactions purement affectives des deux jeunes filles (comme du lecteur, du reste).

S’il est bon et sain de rappeler les souffrances du peuple juif, décrété maudit par l’intransigeance de ces catholiques qui n’ont vu en lui que l’assassin du Christ ; et s’il est légitime de rappeler (et de ne jamais l’oublier) qu’une telle condamnation « morale » a amené ces insoutenables atrocités et inqualifiables crimes contre l’humanité, il est aussi bon de rappeler que, pour se racheter, la conscience du monde moderne a commis une violence aussi grande contre les Palestiniens, et que l’Angleterre comme la France y sont pour une grande partie responsables.

S’il est bon et sain (j’aime ces répétitions !) pour une auteure de se plonger dans l’affect de ses héroïnes, leur réaction tempérée par leur propre réflexion, non seulement sur leur propre situation, mais aussi sur celle de leurs « ennemis », devient alors un facteur dynamique du roman.

Du coup ce roman, dont on comprend bien mieux le titre, passionne : on se prend à aimer ces deux jeunes filles, leur univers, on sort de nos schémas traditionnels, ceux où le bon et le mauvais sont réciproques selon que l’on appartienne à tel ou tel camp, et on se prend à rêver … mais quoi au juste ?

Arrive la dernière partie, et une gageure qui intellectuellement résumerait parfaitement cette notion de « partages » : les deux jeunes filles courant chacune à la rencontre de ce destin  qu’elles vont partager. Gageure intellectuelle, car impossible à concrétiser : lire deux discours en parallèle, en même temps ! L’écriture textuelle (roman, poésie, nouvelle, théâtre, n’importe quelle forme littéraire !) ne peut réaliser le prodige de l’écriture musicale : faire coïncider par le jeu subtil du contrepoint plusieurs discours en même temps.

Alors les quinze dernières pages de ce roman deviennent pour le lecteur un sacré dilemme : par laquelle des deux jeunes filles commencer ? L’Israélienne ? cela semble logique puisqu’elle commence sur la page de gauche (donc le sens de la lecture), mais ce choix n’est-il pas alors porteur d’une idéologie où l’on préfèrerait Israël ? et si l’on commence par la Palestinienne, la page de droite, ne faisons-nous pas preuve aussi de parti-pris ?

Insoluble, et c’est dommage, car le destin à la rencontre duquel vont ces deux jeunes filles est l’essence même de la tragédie à laquelle elles ne peuvent échapper comme, hélas, les deux peuples qu’elles représentent.

Mais avec toutes ses qualités, malgré les défauts soulignés, ce roman est-il vraiment goncourable ? Certes, on a vu des sélections dans les années passées beaucoup moins judicieuses. De là à dire pourtant qu’il emportera le prix Goncourt, il y un pas que je ne franchirai pas, car ce roman ne m’a pas autant enthousiasmé que les deux précédents déjà mentionnés sur eontos.