EONTOS

2017 : Macron, vous avez dit Macron ?

Quand je pense qu'il y a un an et encore, de nombreux hommes politiques tout imbus de leur prétendue sagesse et de leur importance auprès de leurs concitoyens, se moquaient de ce jeune prétentieux, ce Macron, qui, à leurs yeux de devins porteurs d'incontournables vérités, n'avait aucune chance de faire carrière politique ! Paix à leurs âmes, car pour la plupart, ils sont retombés dans le néant politique, leurs électeurs les ayant renvoyé à leurs chères études ; pour les quelques autres qui restent ils ont tôt fait d'oublier leurs propos quelques peu expéditifs (leur carrière n'est-elle pas en jeu?)

Car il a fait fort ce Macron !

Déjouant tout pronostic, il a remporté les élections présidentielles (il peut remercier un certain François Fillon, et nombre de caciques d'un Parti Socialiste, qui n'a de socialiste que le nom, et dont l'attitude proprement scandaleuse a permis l'éviction de leur champion dès le premier tour !).

Les Partis traditionnels ne voulaient pas le croire, mais pourtant leur défaite électorale aux législatives était inscrite dans la constitution même : l'esprit de la 5ème République, voulant que le Président et le Parlement ne fasse qu'un pour mener à bien la politique voulue par le Président, alors dès la première alerte où cet équilibre était menacé, nos politiciens n'ont eu de cesse que de corriger le tir, et de lier étroitement les deux élections ! Erreur fatale, dont a magistralement joué Macron.

Et voilà son parti, le tout nouveau La République en Marche, sur lequel aucun homme politique n'aurait parié un kopek, qui, à l'issue du second tour des élection gagne la majorité absolue au Parlement, avec 308 élus ! Les Républicains (ceux de Fillon !) décimé, quant au PS,, peut-on encore en parler avec 29 députés, alors qu'il en avait près de dix fois plus !

La démocratie a t-elle été bafouée ? Les puristes diront non, arguant de cet autre fait que le Front National a eu 8 députés (huit de trop à mon simple goût !) et la France Insoumise, 17, (trop peu pour représenter ces millions de Français qui souffrent de tant d'inégalités !).

Je n'ai pas voté, au second tour, car je me suis souvenu de la formule de Jacques Duclos (vous savez, ce secrétaire du Parti Communiste, qui, aux présidentielles opposant Alain Poher à Georges Pompidou, avec ce jugement à l'emporte-pièces « Blanc bonnet et bonnet blanc » pour justifier la consigne d'abstention donnée non seulement aux électeurs communistes mais aussi à l'ensemble de la Gauche!) et j'ai refusé d'aller me prêter à cette mascarade électorale ! Un candidat les Républicains, contre un de LREM : suppression de postes de fonctionnaires, absurde, révision tout autant inepte d'un code de travail où aucun travailleur n'allait trouver son compte – même si les intentions proclamées sont généreuses, mais ne dit-on pas que l'enfer lui-même est pavé de bonnes intentions - ! dispositions financières où l'on reprend de la main droite ce que la gauche a donné, et sans doute encore plus !

Mais, et c'est là où encore une fois il faut faire appel à la mathématique la plus simple :

Un seul exemple, ma circonscription, représentative de l'ensemble de la France : Abstention, 57,60, sur les en outre il y a eu 10,74 votes blancs et 2,83% de votes nul , ce qui ramène les exprimés à 28,83 % : le candidat LREM l'a emporté avec 58,87 %… soit à peu près 16% du corps électoral !

Fantastique, ne trouvez-vous pas ?

Comme cela correspond en gros à la moyenne nationale, voilà donc un Président de la République qui dispose à l'Assemblée Nationale d'une vertigineuse majorité absolue … alors que cela ne correspond qu'à 16% des Français !

Alors bien sûr, on comprend que les partis de Droite, du Front national (1), à LREM, en passant par quelques centristes style UDI ou MODEM, ferment les yeux sur cette terrifiante réalité, car non seulement remettrait en cause leur définition de la démocratie, mais surtout cela leur ferait craindre le pire, pour eux, et l'indispensable pour le monde ouvrier : quand le pouvoir en place n'appartient plus au peuple et surtout ne le représente plus, alors le peuple sait le prendre … Je ne sais pas si tel sera le cas, car l'évolution de plus en plus individualiste de notre monde est imprévisible, mais si tel devait être le cas, alors ce serait un mal absolument nécessaire, générateur de bien plus d'espoir que ne pourra en donner cette génération de nouveaux députés qui auront bien du mal à être autre chose qu'un parti de godillots ! (2)

 

-1 Là je suis gentil de dire qu'il s'agit d'un Parti, car à voir son fonctionnement, ses financements, on est beaucoup plus proche d'une entreprise à but lucratif au profit d'une famille, que d'une organisation oeuvrant pour le bien être des Français !

-2 Terme dont on a qualifié les députés gaullistes de l'UNR (Union pour la Nouvelle République) qui votaient les yeux fermés tous les textes du gouvernement gaulliste.

 

France, élections législatives, an 01 de la macronitude !

Ah,l'art des chiffres !

Si j'avais un cours de mathématiques à faire en CE1, je me servirai d'une soirée électorale,et en particulier celle que nous venons de vivre !

Si j'avais un cours de philosophie à faire sur la notion de la relativité, j'irai piocher les exemples sur les plateaux d'une des chaînes de télévision avec tous ces doctes politologues commentant les résultats desdites élections législatives !

Si j'avais à démontrer à quel point les journalistes se foutent de la gueule du peuple, alors oui, je n'aurais pas grand chemin à faire, car il me mènerait tout droit aux mêmes plateaux de chaînes de télévision.

Tenez, vous seriez au 17ème et surtout 18ème siècle où les particuliers passaient leur temps à faire appel à la justice pour tout et son contraire ! Vous allez dire que je chipote, mais attention,lisez bien la suite avant de porter le moindre jugement défavorable ! Vous avez bien entendu comme moi que, les électeurs des DOM-TOM votant, grâce aux différences des fuseaux horaires, avant nous, il était hors de question de donner le résultat de leurs votes, avant ceux de la métropole ; autrement,on aurait pu avoir peur que cela influence le vote des métropolitains. Jugement oh combien juste, et attitude oh combien méritoire … il y a seulement un petit hic.

Les Français résidant à l'étranger ont voté une quinzaine de jours avant nous ; et que croyez-vous qui se passât ? Eh bien dès le soir même les speakers des deux chaînes de France 2 et France 3 donnaient le résultat de ce premier tour … et là aucun scrupule : il était évident que la communication de ces différents résultats ne pouvait avoir la moindre influence sur le vote des métropolitains ! Incroyable, non, ce qui est blanc à un moment donné peut devenir totalement noir à un autre moment ?

Comme c'est curieux, personne n'a soulevé, au niveau des médias, cette contradiction, et à ma connaissance, aucun des appareils des partis prenant part aux élections législatives ne l'a mentionnée et n'a saisi les instances adéquates pour faire annuler les élections ! Quel dommage ! Car quelle pagaie qu'une telle inconséquence des journalistes aurait amenée …

De quoi réjouir tous ceux qui peuvent se poser des question sur l'utilité de telles élections ; et si j'en crois les premiers chiffres à être tombés à 20h ce dimanche soir, moins de 50% du corps électoral ne s'est déplacé pour accomplir ce que l'on nomme avec une emphase toute républicaine, son devoir de citoyen !

Et comme je les comprends !

Car ils se sont tant et tant démenés, ils ont dépensé tant et tant d'énergies pour montrer que ces élections, il fallait à tout pris y participer, que le taux énormément élevé d'abstentions leur est tombé dessus avec la force du plus impitoyable camouflet.

Bon d'accord, j'ai été parfaitement formaté, et vous aurez beaucoup de difficultés à me convaincre à ne pas aller voter ; mais comme je comprends ceux qui ont refusé à se livrer à ce qui ressemble, qu'on le veuille ou non, à une parodie de la démocratie.

Je passe sur le fait que les médias annonçant le résultat du vite des Français à l'étranger, correspondant comme de juste à cette grande tendance dont on nous rabattait tant et plus les oreilles, à savoir que le parti du nouveau président de la République allait connaître un véritable triomphe. Bien que … au fur et à mesure de la campagne électorale, il est devenu évident que les médias avaient fait leur choix (que voulez-vous l'opportunisme de carrière existe aussi bien que celui politique!), et que disposant du plus formidable outil de communication qui soit, il leur a été facile de faire en sorte que ce choix apparaisse comme le meilleur …

Mais comment ne pas s'interroger aussi sur cet autre fait : quel sens cela peut-il avoir qu'il y ait 12, 15 voire 25 candidats à postuler le siège de député pour la même circonscription ? Et là vous vous amusez ! si vous prenez chacun des programmes, vous constaterez les mêmes déclarations d'intention : tenir compte des réalités du terrain, des aspirations locales, et faire en sorte que les décisions jacobines n'aillent pas à l'encontre du bien de chacun des citoyens. Ajoutez le couplet presque larmoyant sur l'impérieuse moralisation des êtres qui aspirent à diriger (Merci Fillon !), ou encore sur l'absolue nécessité à ce que le citoyen soit bien protégé (Merci aux attentats terroristes !), et vous aurez alors un programme passe-partout que chacun des candidats pourra reprendre à son compte et défendre avec la passion qui lui est propre ! Mais comme vous êtes sûrement bêtes, parce que doué de plein de bon sens, vous ne pouvez manquer de vous poser cette simple question : puisqu'ils prétendent tous plus ou moins les mêmes choses, alors pourquoi tant de candidats, et un seul ne suffirait-il pas ? Fi donc ! Vous n'avez rien compris, chacun prétendant être le plus à même de réaliser ce qu'il faut … tous ou presque tous oublient de mentionner que si clivage il y a, il passe nécessairement par la frontière idéologique : mais de cela, il est hors de question, l'idéologie, mesdames et messieurs, cela n'existe plus, c'est un propos d'arrière-garde !

Décidément vous n'avez rien compris ! Je ne parlerai pas de la droite, car n'ayant pas l'honneur d'appartenir à ce courant de pensée, je risquerais de commettre d'irrémédiables contresens, pire même des barbarismes que rien ne saurait excuser. Donc contentons-nous de quelques courants : tiens par exemple, si vous avez compris, éclairez ma lanterne, pourquoi y-a-t-il des candidats du PCF liés avec la France Insoumise, et d'autres candidats du PCF indépendants de la France Insoumise ? Bon, on ne va pas nous refaire le coup de la Russie et de l'URSS du début du 20ème siècle : les appareils n'auraient pas remis à l'honneur les querelles entre un Lénine, Staline et Trostski ? Si oui, alors en donnant à des candidats des orientations différentes avec la même appellation, ils nous prennent pour des demeurés … un peu comme l'autre Pascal qui écrivait « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà ! »

Remarquez il y a bien mieux dans ma circonscription : c'est le mot écologie ! Je passe sur le fait que aussi bien les macroniens que les Républicains (vous savez le machin à Sarkozy) la réclament, je constate qu'il y a deux partis écolo : l'un écologiste et animaliste, et l'autre Europe Ecologie les Verts ; le premier me fait bien rire, pourquoi pas non plus Ecologie et végétarisme, auquel pourrait très bien se superposer écologie et légumes verts, ah non, comme je n'aime pas les épinards, alors je vais créer écologie et légumes verts moins les épinards, trop long ? D'accord on va réfléchir à une autre appellation.

Et vous n'avez pas tout vu ! Deux partis bretons, plus ou moins séparatistes ou plus ou moins légitimistes (cela dépendra de votre culture historique bretonne, mais surtout n'avouez pas que vous n'y connaissez rien, sinon vous allez vous faire lyncher alors que ces dits partis devraient être heureux de pouvoir prêcher la bretonitude !) J'arme déjà les bâtons qui vont me rouer de coups en déclarant que leurs débats internes et leurs pseudos différences me font bien rire, lorsqu'elle voudraient s'appliquer à ma circonscription (une du sud de Rennes) où l'on n'a jamais parlé Breton !

Non tout cela est d'un grotesque affligeant, et comment ne pas s'étonner que devant une telle faiblesse de raisonnement, devant un tel manque d'humilité, puisque que chacune veut à tout prix faire valoir ses tout petits mérites, le citoyen lambda, n'ait pas cette réaction oh combien salutaire de tirer sa révérence et de s'abstenir !

Bien sur que je suis allé voter : je ne suis pas à une contradiction près, que j'assume totalement … mais avec cette conscience vraiment terrifiante que mon vote était purement formel, qu'il ne servait strictement à rien sauf à permettre de dire à cette masse d'hypocrites que la République fonctionne puisque les électeurs (moi en l'occurrence) avaient fait leur devoir !

Macron 1 en attendant ...

Politique et étourdissement des chiffres !

 

Dimanche après-midi, je me suis permis de faire part de mon pronostic sur les élections présidentielles, et j'ai donné un 65% pour Emmanuel Macron contre 35% à Marine Le Pen. Je m'étais tout simplement basé sur une intuition … argumentée (est-ce donc encore une intuition?) ; à savoir le nombre de ralliements, totalement disparates, certes, mais ralliements quand même. Et finalement l'écart s'est encore creusé puisque le lundi matin on était passé à 66,06 contre 33,94 mon pronostic devenant de moins en moins bon, et tant pis pour ma modestie naturelle !

Un chiffre que par contre je n'avais pas été capable d'évaluer, celui des blancs et nuls ; impressionnant, puisqu'il représente en voix plus de 4 millions d'électeurs qui se sont déplacés.

Alors est-ce que la politique ne serait qu'une affaire de chiffres ?

Ce serait trop facile de réduire la conscience citoyenne à une seule arithmétique.

Ce qui m'intéressait dans ces chiffres, c'est d'abord à quel point étaient brisés les espoirs du Front National et de sa candidate Marine Le Pen : il faut dire que sa prestation lors du dernier débat, l'a montrée sous un jour très peu ragoutant, préférant manier l'insulte et la calomnie à peine voilée plutôt que de débattre sérieusement de son programme et de le confronter à celui de son adversaire.

Ce qui m'intéressait aussi et surtout c'était de voir l'impact réel du phénomène Macron : car dans toute notre histoire, depuis le moment où la République a été érigée en système politique, c'est la première fois que la France va avoir un Président aussi jeune ; bigre, arriver au sommet de l'Etat à 39 ans est quelque chose de complètement inédit. En même temps ce que je souhaitais à travers son résultat c'était mesurer l'influence de ses ralliements : et là maintenant, bonjour les calculs ! Qui des fillonnistes, qui des hamonistes qui des mélanchonistes a effectivement voté pour lui ? Il n'est pas erroné de considérer qu'une bonne moitié de ses électeurs l'ont été que par défaut pour ne pas voir le Front National arriver au pouvoir.

En tout cas, ce qui est certain c'est que si vous enlevez les abstentionnistes et les votes blancs et nuls (ces trois situations étant parfaitement identifiables et quantifiables, vous avez toute une partie de la France qui ne se reconnaît ni dans Marine Le Pen, ni dans Emmanuel Macron.

On peut donc au vu de toutes ces données, assurer avec certitude que les votes pour Emmanuel Macron ne sont pas le fait d'une majorité qui soutiendrait le programme du nouveau président de la République et que donc, ce dernier ne représente pas la majorité des Français.

Ce qui montre que ces dernières élections présidentielles sonnent le glas de la Vème République, telle que l'a voulue son fondateur le Général de Gaulle !!

… sauf si Emmanuel Macron est capable de dégager aux élections législatives une majorité présidentielle …

Qu'elle est donc belle la vie politique !

Car dans tout cela que deviennent les deux réels problèmes du moment : la place du travail dans notre société, outil de bien être ou fin en soi ? La place qu'occupe l'homme dans la destruction du monde qu'il occupe ! (tiens je reviens encore une fois à Venise avec ses gigantesques paquebots : on préfère faire venir des touristes, et faire crever sûrement même si lentement Venise, plutôt que de la sauvegarder, car quand elle n'existera plus que deviendront ces emplois qu'on fait miroiter au nom d'un tourisme abusif et destructeur ? )

Et si d'aventure Macron mettait en avant et en unique priorité ces deux axes, alors j'en suis certain, nombre de ses soutiens l'abandonneront, les gens de droite qui n'ont toujours pas compris qu'un aéroport comme celui de Notre Dame des Landes est une totale ineptie, ou qui veulent encore mourir la « gueule ouverte » avec des Fessenheim ; mais nombre de gens dits encore de gauche qui ne veulent rien changer de notre société basée uniquement sur la valeur travail.

Alors, oui, hier soir on pouvait être heureux de tous ces jeunes qui fêtaient avec une ardeur de néophytes la victoire d'Emmanuel Macron et la leur, mais ...n'était-ce pas quelque chose qui ressemblait trop à un marché de dupes ?

Vous voyez que les chiffres ont parfois du bon !

Chiffres, trucages et politique : France et Turquie !

Absent de France pendant une quinzaine de jours, je vais donc être privé (1) de la fin de la campagne présidentielle, et surtout ne pourrai assister à ce qui risque d'être une véritable scène d'opéra bouffe, le dépouillement du premier tour. Je le regrette d'autant plus qu'il y a eu tant et tant de rebondissements que, à quelques jours de ce premier tour, rien n'est encore joué !

Ah ces chiffres ! Décidément, ils sont très forts les sondeurs ! Car ils savent avouer que leurs chiffres sont truqués, par la force des choses, compte-tenu de la marge d'erreur que ces mêmes sondages incluent, mais ce qu'ils ne disent jamais, c'est si cette marge d'erreur ils l'ont ou non incluse dans les résultats qu'ils fournissent. C'est pratique, car, un exemple : un des derniers sondages fait hisser François Fillon, le malhonnête, le voleur et le lâche (2) à la troisième place avec 21% des intentions de vote, mais la marge d'erreur est-elle incluse, auquel cas il faudrait ramener ces intentions de vote à 18% voire 17%, ou n'est-elle pas incluse et alors ...on l'aura compris ne pas le dire c'est sous-entendre qu'elle ne l'est pas et que toutes les chances sont de son côté ; comment appelez-vous ce type de manœuvre, si ce n'est par ce mot horrible de manipulation.

Mais ce n'est pas ce qui est le plus intéressant, dans ce sondage : non c'est qu'on veut nous faire croire un instant qu'il y a une grande partie des français (un 5ème) pour qui la vertu n'a aucun sens du moment qu'il y a un bon programme ; ne comptez pas sur moi pour dire que ce programme l'est, car vouloir supprimer plus du 6ème des fonctionnaires alors même que la population a augmenté, n'y-a-t-il pas là quelque chose qui cloche dans le raisonnement ? Ce qui m'échappe, c'est comment peut-on un instant imaginer qu'un homme qui s'est largement servi à des fins personnelles du bien public puisse garantir qu' il ne continuera pas à détourner à son profit ce même bien public ! Il y a là une incompatibilité morale évidente qui me choque d'autant plus que ce même François Fillon s'était drapé de vertu lorsqu'il avait aussi déclaré qu'il ne se présenterait pas s'il était mis en examen … or en plus de lui qui l'est, combien d'autres ? Son épouse, un de ses amis politiques … alors ?

Cette fin de campagne va donc être excitante : opéra bouffe ? Tragédie grecque ? Pantalonnade digne de la comedia dell'arte ?

En même temps, cet écoeurement bien plus fort encore qu'une simple nausée : ce président turc qui remporte un référendum qui va accroître encore bien plus tous ses pouvoirs ; il était le dictateur honni qui a asservi complètement son pays, il était ce bouffon qui aurait pu aussi servir de modèle à Chaplin ! Comme je plains le peuple turc … et pourtant il aurait voté à un peu plus de 51% pour ! Mais là où c'est dramatique, c'est, bien que ces résultats soient truqués, et les observateurs internationaux, européens en particulier, ont beau le proclamer et exiger … quoi, au juste ? … Erdogan, le sinistre, fort de ce résultat truqué va continuer sur sa lancée ! Il menace déjà d'une autre référendum sur la peine de mort, montrant ainsi son visage hideux de haine : car il fait vraiment haïr l'humain pour accepter de le tuer. Mais n'est-ce pas ce que ses sbires font déjà en tuant journalistes, ou hommes politiques qui déplaisent à leur maître ? Erdogan fidèle de Poutine ?

Comment ne pas penser alors à la Turquie quand vous êtes à Venise : les liens tantôt conflictuels, tantôt amicaux et culturels, entre ces deux identités n'ont pas cessé de marquer leur histoire : le lion de Saint Marc va-t-il refermer le livre, celui qu'il tient ouvert en temps de paix, et qu'il referme lorsque la guerre assombrit toute chose !

Fasse Apollon Musagète museler encore une fois les impétuosités de Mars le conquérant !

 

 

-1 Remarquez ; c'est totalement de ma faute, puisque c'est moi qui ai programmé ce voyage à Venise (qui me manque tant ! Pensez cela fait 5 ans que je n'y suis pas retourné !) ; en choisissant ces dates, je n'avais entête qu'une seule chose, un des moments les plus agréables où la Sérénissime s'offre à vous dans tous ses avantages … oubliant seulement que cela tombait avec les élections présidentielles : mais rassurez-vous j'ai confié la lourde tâche de voter pour moi à un ami !

-2 Non, ne rechignez pas devant ces qualificatifs : ils ne le sont que parce qu'il les avoués lui-mêmes par ses déclarations et ses comportements ! Un homme qui avoue que sa femme n'a été employée que depuis 90 alors qu'elle l'était depuis 82 et même 1980, un homme qui dit ne posséder qu'un seul compte bancaire alors qu'il en dispose d'une vingtaine, un homme qui accuse le Président de la République en exercice d'oeuvrer contre lui alors qu'il sait très bien que ledit Président de la République ne peut par sa fonction le poursuivre pour diffamation … etc... etc... comment pouvez qualifier un tel homme, si ce n'est pas les adjectifs employés ?

 

1er avril : un brin de nostalgie ?

Une information m'a sauté aux yeux, mais en même temps m'est parue de prime abord tellement incongrue que je n'ai osé l'accepter ; à quelques jours du 1er avril certains médias (télé et journaux) refusaient de céder à la tradition de la fameuse blague dudit 1er avril de peur d'ajouter à la confusion qui anime et emballe parfois la campagne présidentielle française.

Je me suis interrogé et continue de m'interroger sur le bien fondé d'une telle décision : qui ne se souvient parmi les anciens de cette fameuse blague à laquelle nous avons échappé en 1974 lorsque le président de la république Georges Pompidou a eu le bon goût de trépasser dans la nuit du 1er au 2 avril ?… à quelques heures près qui aurait pris au sérieux cette annonce ? Et pourtant je me souviens encore de cette farce vécue un 1er avril par un ami : jeune militaire il faisait du stop lorsque pris par un quidam, il a été obligé de faire tout le trajet dans le coffre de la voiture au prétexte que, le général de Gaulle étant mort, toutes les forces armées avaient été consignées dans les casernes et qu'un militaire hors caserne risquait la peine de mort pour désertion !!!

Nostalgique donc de cet esprit franchement canulardesque (1) ? Eh oui j'aurais aimé des nouvelles de ce style : au niveau national qu'un certain François Fillon dans une déclaration solennelle se déclarerait incompétent pour prétendre imposer une moralisation de la vie publique lui qui a passé son temps à tricher et donc se retirerait de la compétition électorale ! Cela aurait eu de la gueule (2) d'autant plus que cela aurait corroboré les déclarations de biens différentes bien sûr qu'il a été amené à faire en tant que candidat (3) ! Mais non rien de tout cela, sauf ce que j'ai cru être un vrai canular digne du 1er avril et qui ne l'était pas : l'entretien entre Emnanuel Macron et Christian Estrosi ! Je sais bien que les partisans du premier ont déclaré urbi et orbi (4) qu'une telle rencontre était normale qu'elle n'était que la concrétisation de cette nouvelle volonté de tenir compte de tous les aspects positifs que chacun des grands leaders et courants politiques pouvaient avoir sur la conduite des affaires françaises ; j'entends bien cet argument, mais, pour moi il est complètement erroné ! Et transposons pour une fois ! Imaginons qu'Emmanuel Macron soit un architecte et que vous lui demandiez de vous construire un bel hôtel particulier ; cet architecte spécialiste de rien et amoureux de tous les styles va alors vous proposer un imposant édifice avec une façade, dont les fenêtres iront de la meurtrière d'une forteresse médiévale à une immense baie vitrée contemporaine, en passant par des fenêtres rectangulaires Renaissance, sans oublier les ouvertures bi ou tri ogivées gothiques l Et comme il aura fallu à l'intérieur respecter les mêmes styles vous passerez de la pièce minuscule et bas de plafond à une autre immense et de hauteur impressionnante ! Bref, vous n'aurez qu'un toit, qu'une maison, mais sans le moindre aspect fonctionnel, et vous présentant à l'usage quotidien des difficultés insurmontables, sans oublier un aspect extérieur d'une laideur invraisemblable. Voilà donc en gros ce que promet pour la France un Emmanuel Macron en tentant de ratisser tellement large que même si chacun peut avoir une seule idée, elles seront tellement incohérentes entre elles ces idées qu'elles en deviendront inapplicables ! Naïvement j'ai pensé que l'entretien Macron-Estrosi ressortait de cet esprit canulardesque, et je m'en réjouissais quelque peu, ne serait ce que pour sauver quand même l'intelligence de quelques-uns des nouveaux soutiens de Macron … mais non, c'était bien la réalité ! J'en connais qui ont vraiment bonne mine !

Mais j'ai compris ce que pouvait aussi signifier ce refus de sacrifier dans cette période à la tradition du 1er avril. Il faut aussi sauver le peu de réputation que peut avoir encore le « politique » ; il faut refuser de faire croire que tous les politiciens sont véreux : le « tous pourris » est indigne de la conception même que l'on peut avoir de la démocratie ; les politiciens ne sont que la représentation de la société : si on accepte que dans une société il y a 1% de malhonnêtes, alors il faut l'accepter pour le monde politique, et ce n'est pas ce 1% qui doit occulter les 99% qui restent ! Quand je faisais référence plus haut au général de Gaulle ou à Georges Pompidou, c'était bien parce qu'ils représentaient encore en politique (même si on n'était absolument pas d'accord avec leur ligne politique) une idée de l'honnêteté, de la morale.

Alors oui, je reste un vieux nostalgique du 1er avril… non parce que c'est une forme du passé, mais parce qu'elle représente la permanence de valeurs qui protègent la société de la tentation de l'individualisme.

 

-1 Il faut bien de temps en temps inventer un mot : c'est contribuer fort modestement, je l'avoue, à la richesse et à l'évolution de la langue française, et en cela aider nos pauvres académiciens qui ploient sous un immense labeur. Et toute modestie mise à part, c'est perpétuer cette lignée qui va de Rabelais à San Antonio et qui permet à toute langue de rester vivante !

-2 J'aime beaucoup cette expression pourtant triviale, mais qui signifie si bien ce qu'elle veut dire !

-3 Ceci (comme curieusement pour Marine Le Pen) est un fait totalement objectif qui montre bien la volonté de cacher la réalité de leurs possessions, comme si … et de tricher par conséquent !

-4 Ce n'est pas choquant d'utiliser cette expression d'origine purement catholique et pontificale, dans la mesure où, pour de nombreux Français, Emmanuel Macron apparaît comme le nouveau pape de la politique française !

 

François Fillon, Marine LePen : intérêt personnel et sens de l'Etat

Ainsi donc, Marine le Pen, au journal « La Provence » a-t-elle déclaré, à propos des ennuis judiciaires de François Fillon : 

"J'ai déjà dit que je considérais que cette affaire a rompu le lien de confiance entre François Fillon et une grande partie des Français parce que les accusations visent un enrichissement personnel et familial".

Comme cela serait plaisant, si les arrières-pensées n'étaient pas évidentes !

Car qu'y-a-t-il en fait derrière ces propos ? Une technique de diversion, cela est trop connu pour qu'on la prenne au sérieux. Marine Le Pen, qu'elle le veuille ou non, est accusée des mêmes chefs complètement immoraux  que son concurrent ; à la justice de discerner s'ils peuvent se réfugier derrière une quelconque apparence de légalité.

En fait, ce qui rend terrifiante l'attitude aussi bien de Marine le Pen que de François Fillon, c'est que tous les deux se voilent la face derrière un déni de réalité invraisemblable.

Car, quelles que soient leurs dénégations, leurs démarches ou plutôt le fait qu'ils n'emploient pas les armes à leur portée pour se défendre, ne font que renforcer la suspicion légitime à leur encontre, et la vérité des procédures judiciaires engagées à leur égard. En effet, moi, je veux bien que tous les deux jurent la main sur le cœur que les faits qui leur sont reprochés sont faux, cela me ferait même sourire, comme dans un très mauvais vaudeville ; mais alors, s'ils s'estiment absolument purs, et victimes d'une cabale (c'est le terme de Marine le Pen, et c'est aussi ce que prétendent certains partisans acharnés de François Fillon !) que ne font-ils usage de cette procédure imparable : attaquer les médias en diffamation ? Ce serait une façon, oh combien plus efficace que toute autre formule incantatoire, dont ils peuvent avoir tous les deux le secret, pour rassurer les électeurs qui doutent et qui voudraient encore croire (???) à leur probité politique.

Mais qui pourra dissiper ce doute profond ?

Car si Marine Le Pen était aussi innocente qu'elle le prétend, comment alors expliquer que le Parlement Européen ait décidé de faire une saisie arrêt sur les indemnités qu'elle perçoit pour s'entourer d'assistants et de se rembourser ainsi des 300.000 € indûment perçus par ladite députée européenne ? A-t-elle fait appel de cette décision ? Elle ne l'a même pas dénoncée, reconnaissant ainsi de facto son bien-fondé !

Et de quel droit si elle était aussi innocente qu'elle le prétend, se refuse-t-elle de répondre aux enquêteurs qui souhaitent l'entendre ? Est-elle au-dessus des lois de la République, elle qui, pourtant, en voulant accéder (à Dieu ne plaise !) à la charge suprême de Président de la République, aurait pour mission de défendre précisément les lois de la République ?

Quant à François Fillon, il a exclu d'entrée de jeu, son recours à la procédure de diffamation, puisqu'il a reconnu publiquement toutes les données chiffrées révélées par le Canard Enchaîné, et sa défense se résume dans la seule notion de légalité. Le déni de réalité repose sur une autre argumentation à laquelle chaque citoyen devrait être sensible. Je reçois de l'argent public, pour faire effectuer certains travaux utiles à la société, mais je n'ai aucun compte à rendre sur la nature desdits travaux ! Allez donc avancer ce genre d'arguments à n'importe quel gestionnaire de n'importe quelle structure publique, et vous allez voir comment il va vous rire au nez ! Et vous allez voir comment les Cours de Compte régionales, ou nationale vont vous épingler et ce à juste titre, car même si cela peut sembler très pointilleux, vous n'êtes jamais dépositaire des sous de l'Etat, et si on vous en confie la gestion vous devez être capables d'en justifier l'utilisation, non à des fins personnelles, mais bien pour le bien public. Il ne suffit pas de jurer encore une fois la main sur le cœur que vous le faites pour ce fameux bien public, si vous n'êtes pas capables de le prouver ; alors oui, c'est la porte ouverte à tous les abus et détournements possibles et imaginables.

Etre responsable politique et ne pas le reconnaître en refusant de justifier l'utilisation de fonds publics c'est alors, qu'on le veuille ou non, faire passer la possibilité de privilégier ses intérêts personnels avant ceux de l'Etat ? Est-ce cela qu'on attend d'un prétendant à la charge suprême de président de la République ?

Alors, être candidat à la présidence de la République, et avoir si peu le sens de l'Etat, c'est une imposture qui mérite non seulement d'être dénoncée, mais d'être surtout d'être sanctionnée par la Justice, comme par les électeurs.

 

 

Matteo Renzi : il n'y a pas loin du Capitole aux Roches tarpéiennes

                             
Jamais proverbe latin n'aura été aussi approprié !

Le Capitole, Renzi l'a connu : jeune « prodige » de la politique italienne, chef du gouvernement italien pendant deux ans (un record dans l'Italie contemporaine), il a connu tous les honneurs possibles et imaginables. Il s'est cru un dieu, et a voulu entamer des réformes de fond : une lois sur l'enseignement, une autre sur le travail, une réforme sur le découpage administratif de l'Italie, suppression des provinces (nos départements!) et réorganisation des régions, et pire sans doute, faire ami/ami avec l'un des personnages les plus crapuleux de la vie politique italienne, Silvio Berlusconi. !

Oui, mais voilà, on ne fait pas le bonheur de quelqu'un malgré lui (autre vieux dicton !) : il a cru contenter les enseignants en nommant quelques 100.000 enseignants de plus, mais en contrepartie, il a voulu mettre en place des moyens de contrôle tels, que les mêmes enseignants risquaient de perdre une grande partie de leur liberté pédagogique : résultat un mouvement de grogne des enseignants complètement imprévu, et une partie de son soutien qui vole en éclat ! Il a cru aussi intelligent de vouloir réformer un peu le travail, les conditions d'emploi, les possibilités de licencier tout en passant par dessus les syndicats … inutile de dire que là-aussi, c'est le genre de réforme qui ne peut passer, et dans la rue quelques millions de travailleurs italiens, c'est que là-bas, comme en France, on ne rigole pas avec ces choses-là, et que le syndicalisme est profondément ancré dans la classe ouvrière italienne, beaucoup plus qu'en France.

Non, non, je ne fais pas appel à une logorrhée issue d'une quelconque catéchisation socialiste. Il s'agit bien d'une réalité qui nous est hélas familière, puisqu'elle fait partie aussi de notre quotidien français.

Car on pourrait faire un petit parallèle avec la situation française, une grande différence ; en Italie, le président de la République ressemble à celui que nous avions sous la quatrième République : il se contente d'inaugurer les monuments, d'aller déposer quelques gerbes, et plus sérieusement de représenter son pays dans les grandes réunion et autres circonstances internationales ; mais en aucun cas, il ne peut se permettre d'inspirer une politique … alors qu'en France depuis la création de la 5ème République, le Président donne une ligne politique qu'il charge de premier ministre de mener à bien.

Or donc, Matteo Renzi a tenté de faire à lui tout seul, ce qu'un Manuel Valls a essayé de réaliser, mais si Renzi a échoué sur un referendum, il n'est pas certain que Valls tire bénéfice des coups en traître qu'il a portés (avec en particulier le fameux CICE et sa réforme du code de travail) à ceux qu'il était pourtant chargé non seulement de défendre, mais de faire en sorte qu'ils voient leurs conditions de travail (de vie tout court) progresser ! On verra bien s'il passe le cap des primaires du parti socialiste (qualifié à tort de gauche, il faudrait bien mieux dire social-démocrate !) ; et pour ma part je doute fort que s'il arrive à se présenter aux élections présidentielles il soit présent au second tour !

Mais revenons à Renzi, et à ce referendum qui était essentiellement un référendum constitutionnel, c'est-à-dire portant sur des éléments clés de la constitution et en particulier du sénat : on peut (et on a raison !) dire que le sénat en France ne sert pas à grand'chose. Que ce soient des électeurs choisis, les fameux grands électeurs qui désignent les sénateurs, cela est fort peu démocratique, n'honore pas forcément notre démocratie ; il serait tellement mieux qu'ils soient élus au suffrage universel … comme c'est le cas en Italie, mais voilà ce que remet en cause Renzi qui aurait aimé que l'Italie adopte le système français ! Pas fou les Italiens, ils ont renvoyé et c'est sans appel, leur président du conseil, ledit Renzi, à ses chères études ! D'autant que Renzi n'y allait pas de main morte : il voulait faire passer le sénat de 300 à 100 membres … Vous dire si cela était populaire parmi les sénateurs pour qui la soupe est bonne, il y eut même une fronde au sein du propre parti de Renzi … vous vous rendez compte des sénateurs traités comme de vulgaires ouvriers et pouvant être licenciés sans autre forme de procès ?

Et voilà donc l'Italie qui va s'enfoncer dans une nouvelle crise … alors j'ai un tout petit pincement au cœur ?

Connaissez-vous Monte dei Paschi ? C'est la première banque moderne qui a été créée en … 1492 (décidément quelle grande date que cette année : demandez à vos amis historiens tout ce qui s'est passé en 1492, et vous avez alors de quoi passer de nombreuses soirées d'hiver à vous instruire !) Mais Monte des Paschi, la troisième banque italienne, quand même, se trouve empêtrée dans des tas de difficultés financières, et si l'Etat n'intervient pas … alors serait-ce la fin de cette banque historique ??? mais pour moi, Monte dei Paschi ce n'est pas cette banque et ces histoires de gros sous, pour la plupart du temps acquis en dehors de toute morale, c'est bien plutôt cet admirable palais à Sienne, autre ville fabuleuse de l'Italie centrale ! Je ne pourrais me résoudre à le voir disparaître ! …

Curieux destin que celui de notre humanité toujours ballottée entre le beau et le répugnant, et qui ne peut choisir l'un contre l'autre sans risquer de se perdre elle-même ! Ah les douceurs du scepticisme, et maintenant qu'il va avoir peut-être un peu de temps, laissons Matteo Renzi à réfléchir sur cette réalité !

 

 

 

François Fillon ... contredit par les chiffres ?

Décidément ma marotte de chiffres (alors que je suis tout sauf un scientifique ou mathématicien !) est encore une fois confrontée aux faits politiques !

A commencer par celui étonnant de la primaire de la droite et du centre : jamais, oh grand jamais, je n'aurais pensé, il y a ne serait-ce qu'un mois, que Fillon serait vainqueur avec un tel écart, 66,5% des voix contre 33,5 à Juppé ! Mais que cache cette situation objective, car nous sommes bien d'accord il n'y a rien de plus objectif qu'un chiffre ? Une constatation qui me stupéfie : la droitisation de la société française était un fait qui apparaissait clairement au fur et à mesure des consultations populaires, même si avec un fort taux d'absentéisme. On pouvait cependant considérer qu'avec toutes les nuances qu'elle offrait, la droite était en train de se chercher et qu'elle pourrait autant virer sur l'extrême droite que sur le centre, et c'était le pari courageux politiquement qu'a osé Juppé ; mais il a été complètement démenti et la droite s'oriente vers une radicalisation (c'est Fillon lui-même qui l'a martelé constamment durant sa campagne et encore hier soir lors de son premier discours de vainqueur) qui ne peut qu'inquiéter.

Si l'on accepte que les un peu plus de quatre millions d'électeurs qui se sont déplacés à chaque tour de cette primaire sont à quelque chose près les mêmes à chacun des tours, on constate alors que cette droitisation ne concerne que 10% du corps électoral (il y a selon l'INSEE à peu près 44,6 millions d'électeurs en France) ; ce n'est peut-être pas grand-chose, mais si l'on rapporte ces quatre millions d'électeurs au taux moyen d'abstentions de dernières élections cela fait autour de 20% du corps électoral qui se manifeste ouvertement à droite.

Ce n'est pas le fait que ces électeurs soient catalogués à droite qui m'inquiète, non il ne s'agit là après tout que d'une dénomination, car amusons-nous avec la langue française, et les facéties qu'elle autorise surtout lorsqu'elles sont contresignées par l'Histoire : si la Droite signifiait les mêmes idéaux que la Gauche, alors ce ne serait pas un défaut rédhibitoire que d'être classé à droite.

Mais voilà, et cela nous ramène au programme même que développe François Fillon, et c'est cela qui m'intrigue : comment autant de Français peuvent-ils y adhérer ? Quel sens cela-a-t-il de parler de justice lorsque ce programme veut augmenter la TVA de 2 points (TVA : impôt foncièrement injuste puisqu'il taxe de la même façon les ménages indépendamment de leurs revenus : 2 points de TVA sur un bifteck ou une boite de petits pois cela n'a pas du tout le même impact selon qu'on a un salaire de 5000€ ou de 1200€ mensuels ? De la même façon préconiser une limitation, de plus en plus grande de médicaments remboursés, et donc d'inciter les gens à prendre des complémentaires de santé pour palier les déficiences de la SS, cela revient à favoriser ceux qui ont des salaires élevés au détriment de ceux qui sont au SMIC ; où est le droit à la santé pour tous dans tout cela ?

Que dire alors de cette volonté de vouloir faire travailler les fonctionnaires 39h pour les payer 35h. Cette mesure facile sur le papier et pour complaire à tous ceux qui critiquent ces « fainéants » de fonctionnaires, porte en soi l'essence même de l'injustice : il n' y a que les dames patronnesses pour accepter de travailler gratuitement ! François Fillon qui revendique sa position de catholique (pourquoi pas, je revendique bien la mienne d'athée et de mécréant) a-t-il oublié les saintes écritures et en particulier l'Evangile selon St Luc : « l'ouvrier mérite son salaire » (St Luc 10/7) ?

Car il y a dans cette mesure quelque chose de paradoxale : les personnels de santé, par exemple, sont surchargés ; pas un jour où l'on est alerté, dans la presse et différents médias, des carences en personnel des services hospitaliers, et on voudrait les faire travailler encore plus, alors que déjà, on les surcharge d'heures supplémentaires qu'on va leur payer en monnaie de singe -un très hypothétique départ anticipé en retraite en fonction du nombre d'Heures supplémentaires effectuées !-

Justification : il faut réduire de 500000 fonctionnaires l'appareil d'Etat : bravo ! Mathématiquement François Fillon peut y arriver, avec cette augmentation de 35h à 39h, mais au détriment du fonctionnement de tout ce que l'électorat de droite (pas seulement celui du gauche aussi) réclame : plus de sécurité, une meilleure justice (les tribunaux sont tellement engorgés que nombre de petits contentieux mettent plus de deux ans avant de passer en jugement !), une meilleure santé, etc.. etc... bref, tout ce qui facilite le quotidien du simple citoyen ! Détruire 500000 emplois, car c'est bien de cela qu'il s'agit, c'est aussi priver 500000 personnes d'emploi … alors même qu'il prétend lutter contre le chômage … à moins que son programme économique élaboré par une tête pensante du MEDEF (Viviane Chaine-Ribeyro 1) laisse entrevoir certains miroirs aux alouettes comme, celui que Gattaz avait utilisé avec son fameux million d'emplois créés, moyennant quoi le gouvernement de gauche avait satisfait aux demandes du MEDEF … mais on recherche toujours dans les statistiques la trace de ce million d'emplois créés !

Les chiffres fatiguent à la longue, car on pourrait les employer de la même façon pour les autres mesures économiques préconisées par François Fillon à commencer par l'âge de la retraite !

Arrêtons-nous là mais pour finir sur un chiffre quand même optimiste : il y en a qui se frottent les mains, ce sont les dirigeants de la Banque Postale ; ce sont eux qui ont été choisis pour récolter et « administrer » les 2€ que chaque électeur à ces primaires devaient verser comme obole … moyennant la banque postale prélevait une petite dîme de 8% (excusez du peu !) pour frais de gestion : plus de 8 millions et demi d'électeurs, soit la modique somme de 17 millions, à 8% cela vous fait quelque chose comme 1360000€, une bagatelle en quelque sorte, qui nous l'espérons bien fort profitera réellement à tous … les usagers de cette banque. (2)

 

1- Je n'ai pas tiré ce nom d'un quelconque chapeau de magicien, je ne fais que reprendre certains articles du Canard Enchaîné, dont la lecture va être, plus encore que par le passé, indispensable pour se forger une opinion saine et citoyenne.

2- Pour ne pas alourdir mon propos d'autant que je n'avais pas de chiffres à proposer, je n'ai volontairement pas parlé de la position internationale que François Fillon veut donner à la France ; pourtant il faudra bien s'interroger sur ce nouveau rapport qu'il veut avoir avec l'un des dirigeants les plus antidémocratiques qui soient, Poutine.

 

Nicolas Sarkozy : exit un pantin, et maintenant ?

Quand en 1971, l'impétueux dirigeant soviétique Nikita Kroutchev décéda, le général De Gaulle, lui-aussi très proche de la tombe, eut ce seul et lapidaire commentaire « Sic transit gloria mundi ! » (Ainsi passe la gloire du monde !). Etonamment, ce furent là les premiers mots qui me vinrent à l'esprit quand hier soir, j'ai entendu la déclaration de Nicolas Sarkozy avouant sa défaite aux primaires de la droite et du centre. Finie sa morgue, ses outrecuidances de tribun méprisant, ses postures de donneur de leçons ! Et j'ai pensé, deuxième image, à ce Pinocchio, complètement inerte et désarticulé. Pour un peu il m'aurait fait pitié !

Et pourtant comment oublier que cette défaite n'est que le commencement d'une longue descente aux enfers ! Ce n'est pas pour rien que son nom apparaît dans plus d'une dizaine d'affaires qui le déshonorent autant qu'elles jettent le discrédit sur le politique en général. Il a eu beau crier au complot, il n'empêche que sa participation dans deux affaires aussi graves que celle des sous-marins de Karachi ou dans celle appelée Bigmalion, le disqualifiaient totalement pour pouvoir prétendre jouer une quelconque rôle futur dans la politique française à venir. Les électeurs de droite ne s'y sont pas trompés et ont eu raison de l'éliminer de la course à la présidentielle ; ils n'ont fait qu'oeuvre de justice, en attendant, ce que nous espérons tous, que la justice française puisse mener à terme, sans la moindre entrave, tout son travail d'investigation !

L'électorat de droite a donc tranché.

Mais j'avoue que j'ai été quelque peu effaré : il fallait faire preuve d'une très grande naïveté pour imaginer un instant que les citoyens français resteraient encore fidèles à la gauche alors que cette dernière (enfin l'officielle, celle représentée par un François Hollande et consorts) les a tant trahis ! Pourtant je ne pensais pas un instant que ces primaires de droite feraient déplacer autant d'électeurs ! Et elle me fait peur cette montée de l'idéologie de droite, celle qui se saisit avec une insoupçonnable frénésie nombre de pays, au point d'engendrer des Trump ou des Erdogan sans oublier Poutine. Elle me fait peur car je vois se détruire progressivement tout cet idéal qui a fait éclore entre autres tous les acquis sociaux qui ont permis au simple citoyen de pouvoir profiter de la vie et en jouir au même titre que n'importe qui. Il y avait dans l'acquisition de ces droits les mêmes aspirations qui réunissaient aussi bien les humanistes de droite comme de gauche et les marxistes et socialistes. La raison humaine se faisait enfin à l'idée que tous les hommes naissent libres et égaux, et cette philosophie vacillerait-elle autant sous les coups de l'obscurantisme que par le cynisme éhonté d'apprentis dictateurs ?

Tout cela serait-il menacé par ces nouvelles droites qui surgissent un peu partout dans le monde et j'avoue, oui, que cela me fait peur, car on va arriver à ces extrémités où un vice-président des Etats-Unis peut se faire l'apologue de la Genèse (chapitre de la bible qui raconte comment Dieu créa la vie sur terre) et remettre radicalement en cause toutes les théories scientifiques (et prouvées d'une façon totalement irréfutables) de l'évolutionnisme ; ou encore on voit se pointer beaucoup plus pernicieuse, une moralisation effrénée, celle qui permet à Erdogan de proposer au parlement turc qu'il vote une loi comme quoi les violeurs de mineures seraient absous de toute peine de prison s'ils acceptaient d'épouser leur victime ! Je crois n'avoir jamais lu de nouvelle aussi terrifiante !

Je ne dis pas, il ne faudrait pas se méprendre, que la droite Français irait jusqu'à ces extrêmes, je lui fais volontiers crédit d'une perspicacité et d'un sens moral qui semblent tant faire défaut à d'autres.

Voici donc François Fillon assuré de remporter le second tour de la primaire de la droite et d'être donc son champion aux futures élections présidentielles. Je le crois honnête, n'a-t-il pas eu comme premier mentor politique un certain Philippe Seguin, homme probe s'il en est ? Et si François Fillon doit être combattu ce doit être en tant que politique et non en tant qu'homme ; il a le mérite d'avoir un programme cohérent, qui est certes aux antipodes de celui que je souhaiterais pour les citoyens français.

Si clarification il y a eu à droite, il serait bon que la « gauche » tire en tous cas, les leçons de ce qui vient de se passer : ce n'est pas de réclamer de façon incantatoire une union impossible, mais bien d'avoir un programme qui soit une véritable alternative à celui que la droite va proposer avec François Fillon. Et si les hommes dits de gauche (et je place le courant écologique dans la pensée politique de gauche) ne sont pas capables de le comprendre et s'enferment dans des querelles d'ego, alors craignons le pire : que les idéaux de la gauche soient éteints pour des générations !

 

 

Donald Trump, relance d'un vieux passé !

Le suspens est donc fini ! Donald Trump, le milliardaire, l'homme d'affaires l'a emporté sur la politicienne certifiée, Hillary Clinton.

Mais y avait-il réellement suspens ? Oui, si l'on en croit les sondages qui appliquent au monde politique les mêmes règles que celles qui régissent le spectacle , et qui se sont encore trompés, ou plutôt ont fait mine de croire qu'ils se sont trompés.

A dire vrai, le monde change à une vitesse époustouflante, et de désillusion en désillusion (il suffit de voir l'évolution du comportement des individus dans notre société occidentale), l'individu et donc les Etats se replient sur eux-mêmes.

Nos rêves d'égalité et de fraternité entre tous les êtres s'éloignent de plus en plus, et ce n'est pas parce que Donald Trump déclare urbi et orbi qu'il sera le président de tous les Américains qu'il va mettre en veilleuse tous les horribles slogans qu'il a martelés durant toute sa campagne.

Les membres de toutes les minorités qui font l'extrême richesse des Etats-Unis ont vraiment du souci à se faire ; car avoir dénigré, par exemple, les Mexicains au point de les traiter de drogués et de violeurs, n'inaugure en rien de bien du nouveau mandat présidentiel ; n'a-t-il pas aussi déclaré qu'il allait bâtir un mur gigantesque qui séparerait toute la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis ? et même s'il voulait revenir quelque peu en arrière, il serait alors victime de tous ces démons qu'il a réveillés chez les « bons » Américains ( vous savez ceux qui disaient que le seul bon Indien qu'ils connaissaient était celui que l'on avait tué !). Eh oui, le KKK va pouvoir agir à nouveau en toute impunité, les Noirs n'étant plus alors les seules victimes, de plus en plus nombreuses, des policiers.

Ne parlons pas des femmes ! Après les propos qu'il a tenus par le passé, la cause des femmes est entendue, et la seule « bonne » femme américaine sera donc celle qui se livre, tant sur le plan de la vie privée que celui professionnel, à tous les caprices de son seigneur et maître, l'Homme.

Si cela n'avait pas été humiliant et injurieux pour Hillary Clinton, on aurait presque souri de la virulence de ces attaques de Donald Trump contre les politiciens corrompus. Souri … car à qui fera-t-il croire qu'il est blanc comme neige en la matière ? On n'arrive pas à ce niveau de richesse, et en faisant des tas d'affaires, sans n'avoir rien à se reprocher du seul point de vue de la morale : n'a-t-il jamais eu la tentation de truquer des marchés ? N'a-t-il jamais eu l'occasion de faire appel à des petits amis pour bénéficier de passe- droits ? Procès d'intention, me direz-vous, je vous le concède, mais je ne jurerais absolument pas du contraire.

En tout cas, ce qui est certain avec lui, c'est que la classe ouvrière américaine va en baver encore bien plus ; sachant que le salaire horaire minimal est de 7,25 dollars (mais il peut y avoir des disparités entre les Etats) et qu'il a refusé durant toute sa campagne de l'augmenter lorsqu'il serait président, on peut hélas, s'attendre à ce qu'explose le chiffre de 40 millions de pauvres que comptent les Etats-Unis. Il a beau se prévaloir de sa volonté d'être le président de tous les Américains, il n'empêche qu'avec lui, la fracture sociale va être encore plus prononcée.

Et que dire de sa conception de l'écologie !

L'humanité a vraiment de quoi se préoccuper puisque, pour lui, la pensée écologique se trouve réduite à une seule dimension : c'est la faute des autres et pas de celle des Etats-Unis, oubliant le fait objectif que ce sont les Etats-Unis qui sont les premiers pollueurs. Sa pensée en la matière est aussi rétrograde que celle de ces chapelles qui rejettent l'évolutionnisme et continuent de prendre à la lettre la Genèse de la Bible pour expliquer la création du monde. Il n'est pas étonnant non plus, que son co-listier, c'est-à-dire maintenant le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, soit un membre actif de ces courants religieux (la droite évangélique, et évidemment farouche adversaire de l'avortement !).

Face à ce retour en arrière inquiétant vers un passé qui avait marqué la bonne vieille Amériques de la fin du 19ème siècle, face à cette remise à l'ordre du jour des vieilles idéologies xénophobes, il n'est pas étonnant que certains politiciens français s'en félicitent, et je pense, autant la nommer, à Marine Le Pen qui a eu au moins l'honnêteté de féliciter ouvertement Donald Trump, mais je pense à tous ces autres hypocrites (nommons-le, sans risque d'être démenti, Nicolas Sarkozy)(1) qui, sans le dire, se réjouissent in petto de la victoire de ce dernier.

Mais ce n'est pas là encore l'essentiel et qui m'afflige le plus ; autant le 20ème siècle, à la suite du 19ème, avait été un extraordinaire espoir pour cette multitude d'humains, ceux qui produisent les richesses, de voir s'améliorer leurs conditions de travail et de vie ; et autant on pouvait espérer que le 21ème siècle poursuivrait sur cette lancée … mais hélas, force est de constater que sous couvert d'identité nationale (entendons plutôt raciale), que sous couvert d'exigence sécuritaire, lutte contre le terrorisme (entendons refus de l'autre, dans ce qu'il peut avoir de différent), on assiste à un musellement de toutes les aspirations qui peuvent permettre à une société multiculturelle de s'épanouir. Et la victoire de Donald Trump n'en est hélas que la plus étonnante illustration.

Et si dans le panthéon universel de tout un chacun, il y a un Dieu qui puisse être invoqué, qu'il le soit pour que notre bon vieux continent, à commencer par la France, ne soit pas victime d'un tel retour en arrière !

 

 

-1 Il y a quand même quelque chose de formidable dans la pensée de Nicolas Sarkozy : pour faire campagne contre la gauche (mais existe-t-elle encore?) il ne cesse de proclamer qu'il est contre la pensée unique ! On a vraiment envide de lui dire banco ! Car que ne fait-il pas quand il se proclame ainsi adversaire de la pensée unique si ce n'est de mettre en place une autre « pensée unique », celle où le peuple qui travaille serai entièrement muselé non seulement économiquement mais encore politiquement ? Faut-il rappeler quelles sont ces options en matière de politique du travail, ou encore de représentativité ? Faut-il aussi rappeler quelles sont ses positions en matière d'immigration, ses idées complètement farfelues et inconstitutionnelles d'un referendum sur la double nationalité et le droit au regroupement familial ?