L’actualité n’est pas toujours rose, loin s’en faut même si l’on en juge par ce que nous rapportent nos télévisions non pas préférées mais imposées ! Voyez comme les faits divers à base de tragique peuplent leurs unes.
Et pourtant les chaînes publiques ont failli à cette règle et nous ont proposé une information qui ne manquait vraiment pas de sel, et c’est le cas de le dire. Ainsi avons-nous appris que l’UNESCO avait classé la cuisine française (et un grand cocorico !) dans le patrimoine immatériel de l’humanité. Interloqué pendant quelques secondes ou seulement centièmes de secondes, je suis parti d’un immense éclat de rire qui a fait valser mon assiette (c’était bien évidemment l’heure du déjeuner) dans le domaine absolu de l’immatériel !
Quelle trouvaille n’avons-nous pas été capable de réaliser, nous autres Français ! Vous rendez-vous compte un instant, notre cuisine est immatérielle ! Ainsi donc quand, par exemple, je mange une andouillette de Troyes (mais non je ne pense pas à l’inodore et sans saveur François Barroin – est-ce pour cela que les députés de sa majorité semblent ne pas trop le sentir ? -, maire de la dite ville !), je fais dans l’immatériel ! C’est vraiment fantastique, non, une nourriture dont la bonté et la saveur sont telles qu’elle en devient immatérielle ; n’essayez donc pas de comprendre comment un objet par essence matière peut tout à coup devenir son contraire tout en gardant ses propriétés : je ne suis ni physicien ni chimiste, mais cela doit être possible, puisque l’UNESCO (ce ne sont quand même pas des incultes, des ignares qui composent cette très docte institution !) le dit et l’affirme pour notre plus grande gloire.
Mais voyez donc comme cela pourrait être pratique : vous avez faim, je ne parle pas de la faim physiologique, celle dont souffre plus ou moins chroniquement un sixième de l’humanité, non je veux parler de la faim sociologique, celle qui veut qu’à midi ou le soir, je me vois contraint de me mettre à manger, alors même que mon organisme pourrait très bien s’en passer ! Or donc quand cette faim se fait sentir, il me suffirait de penser à un plat bien de chez nous, une potée bretonne par exemple, et je rentrerais dans le domaine de l’immatériel : finies une longue préparation, une mastication rendue plus difficile du fait d’une dentition qui commence à mal vieillir, une digestion amorcée avec d’autant plus de gêne que j’aurais abusé d’un cidre traitre comme les normands (cela uniquement pour raviver la guerre entre Bretons et lesdits Normands !) ; fini donc ce temps de manger puisque passant dans le domaine de l’immatériel, nous n’en aurons plus besoin !
Quelles économies !
De temps et surtout d’argent !
Erigez cela en théorème d’économie politique, et je suis sûr qu’il y aura matière au gouvernement (Merci Monsieur Barroin !) de remplir un peu plus les caisses oh combien matérielles de l’Etat !