J'essaie de récapituler.
Jeudi 24 mars, à la manifestation contre la loi sur le code du travail, des « étudiants » en profitent pour saccager quelques magasins et se servir au passage.
Lundi 28 mars, d'autres (ou pourquoi pas les mêmes) « étudiants » jettent des chaises sur une rame de métro proche de la fac de Rennes-Villejean, provoquant une interruption de quelques heures dudit métro.
Les réactions, elles, sont quasiment immédiates, et la presse locale s'en donne à cœur joie : des actes qui provoquent réprobation et condamnation tant des usagers que des propriétaires de magasins.
Les responsables des « fauteurs » de troubles, eux, n'y vont pas par quatre chemins, pour leur seule défense, ils mettent en avant qu'ils n'ont pas d'autre choix que de casser s'ils veulent se faire entendre !
J'essaie de comprendre !
Si j'ai bien saisi nos contestataires en herbe, ce n'est plus le projet de loi qui est en cause, mais le simple fait qu'on refuse de les entendre ! Bravo ! Ils ont tout faux, mais vraiment tout faux et sur toute la ligne ! Croient-ils vraiment qu'on va les entendre parce qu'ils vont saccager des magasin et empêcher des métros de fonctionner, mécontentant des milliers d'usagers ?
Ou ils sont complètement débiles et alors on se demande ce qu'ils font à l'Université, ou ils sont complètement manoeuvrés, et alors là encore on se demande si leur niveau d'intelligence est celui que l'Université peut attendre d'un étudiant lambda !
L'enjeu est bien de faire échec au projet de loi sur le code du travail ; alors soyons tacticiens, il faut convaincre le maximum de la population de sa dangerosité. Est-ce en saccageant et cassant qu'on va y réussir ? Il faut vraiment être naïf pour le croire ! Et à quoi bon se mettre à dos la population ? Car les citoyens qui ne savent pas trop quoi penser de ce projet de loi, risquent fort de la croire bon s'ils voient que ses adversaires sont capables de telles exactions, plus proches du banditisme et d'actes de voyou que d'actions politiques ou syndicales.
Quant à ceux qui luttent à juste titre contre un tel projet, ils vont être assimilés à ces "voyous" et auront beaucoup plus de mal à convaincre de sa nocivité !
D'autant que toutes ses exactions vont coûter cher, et y compris à la collectivité, c'est-à-dire au simple citoyen qui paye ses impôts … et parmi eux, tous ceux qui vont être victimes de ce projet de loi, si d'aventure il est voté ! C'est quand même un comble que de vouloir « oeuvrer » pour le « bien-être » des gens et les pénaliser financièrement, par des actions inconsidérées.
D'autant aussi, et sur le fond, de telles exactions discréditent complètement la cause qu'elles sont pourtant censées servir ! Comment voulez-vous être crédible si vous vous comportez comme un voyou ?
Ah, le gouvernement, et le patronat qui comme par hasard le soutient, ne peuvent que se féliciter d'un tel comportement : par réflexe où la sécurité, le respect de l'outil de travail et l'intégrité du bien public, sont invoqués, le citoyen de base ne pourra que suivre le gouvernement et le patronat dans ce projet qui leur tient tant à cœur.
Oui ces "étudiants" servent bien mieux le gouvernement et le patronat que la lutte contre le projet de loi sur le code du travail ... à se demander ... mais non le gouvernement ne ferait pas preuve d'un tel machiavélisme !
Alors, comme beaucoup je m'interroge !
D'abord sur ces étranges AG qui se sont tenues à la fac de Villejean où des « étudiants » ont montré comment il fallait s'opposer aux CRS pire, comment on pouvait les neutraliser ! Où était le débat absolument indispensable sur ce projet de loi ? J'y suis, pour ma part farouchement opposé dans la mesure où il institutionnalise de façon irréversible la précarité du travail, où il gomme plus de cinquante d'acquis sociaux pour revenir à un état antérieur à 1936, mais il n'empêche que pour convaincre les éventuels indécis, il fallait discuter sur le fond et la forme du projet, et non faire appel à des sentiments à la fois puérils et complètement irréfléchis de la haine vers le gendarme et de la façon dont il fallait non seulement s'en prémunir, mais pire, le détruire physiquement.
La France de 2016 est-elle rendue à la guérilla urbaine ? Quelle imbécillité que de le prétendre et d'inciter à des actions qui le laisseraient entendre ! L'immaturité politique de ces jeunes est vraiment inquiétante !
Comment ces apôtres de la violence extrême ont-ils pu être ainsi aveuglés !
Et le gouvernement de se frotter les mains : le préfet d'Ille-et-Vilaine vient de pondre un arrêté interdisant toute manifestation dans le centre de Rennes !
…
Bonne manifestation quand même ce jeudi … si tant est que cela soit possible !