EONTOS

Certitudes et déraison !

J'aime ces commentateurs qui après les événements de la semaine passée et de ces impressionnantes manifestations qui ont marqué les attentats parisiens, ont déclaré urbi et orbi que rien ne serait plus comme avant !

En voilà une idée qui est bonne !

A chaque fois que l'horreur nous frappe cruellement, on ressort cette même évidence ! Il en a été ainsi après le 11 septembre 2001, puis après les décapitations d'otages ; chaque fois la même rengaine pontifiée avec l'assurance de l'expert infaillible … mais cela n'a pas empêché l'esprit qui anime les fanatismes de continuer son bout de chemin et de perpétrer encore et toujours plus crimes et assassinats.

Et maintenant des millions et des millions de musulmans fanatisés, en Afrique et dans le Sud Est asiatique sont dressés avec une haine incontrôlable contre tout ce qui est peu ou prou occidental.

Leurs certitudes sont d'autant plus fortes qu'elles sont totalement irraisonnées : on les a tellement bien formatés, tellement bien endoctrinés qu'on leur a enlevé jusqu'à la moindre velléité d'esprit critique. Et malheur à celui qui aurait échappé à cette chape et qui voudrait manifester son désaccord ; comme ce blogueur saoudien qui a été jugé comme apostat (rien que cela !) pour avoir proclamé que chrétiens, juifs, musulmans, et athées étaient égaux ! Et sa peine : recevoir 1000 coups de bâtons, distribués à raison de 50 par semaine !

Alors, oui, elles me font peur ces certitudes que n'étaye même plus le moindre jugement critique ! Car on en arrive à remettre en cause ce qui a fait l'esprit de la révolution Française, les fameux Droits de l'homme, qui ont servi à l'élaboration de la charte des Nations Unies en 1945 : Tous les hommes naissent libres et égaux !

Renier ce principe, c'est un retour vers l'obscurantisme dans toute son horreur que ces fanatiseurs (pardon pour ce néologisme, bien plus parlant que toute une périphrase !) nous promettent … et pourtant ils font partie d'Etats qui sont membres de l'ONU et ont donc signé la charte des nations Unies !

Elles me font peur, ces fausses certitudes, car elles débouchent sur un esprit de guerre de religion inquiétant, puisqu'à partir du moment où on met Dieu (peu importe lequel !) comme chef de gouvernement, ou pire encore comme seul ressort possible de gouvernement, alors on en rend esclave l'homme que l'on prive de tout jugement critique ; l'homme devient alors un pantin aux mains de quelques individus qui, au nom d'un Dieu, tirent toutes les ficelles ... chaque religion voulant alors être celle qui domine, eh bien allons-y gaiement détruisons les autres et tuons leurs fidèles ! N'est-ce pas ce qui est en train de se passer au Niger ?

Malraux ne pensait pas si bien dire, lorsqu'il a écrit : « le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas ! ».

Elles me font peur ces fausses certitudes, car contre elles, quelle force opposer ? Celle de la logique et du raisonnement, mais qu'est-ce qu'ils en ont à faire, les fanatiques, de la logique et du raisonnement ? Il n'y a rien de pire que cette foi du charbonnier (comme l'ont appelée certains théologiens), parce que ceux qui l'ont, sont intimement persuadés qu'il n'y a que leur dieu et leur religion qui comptent et qu'ils sont plus importants que tout raisonnement qui voudrait les contrer.

Comme il est ahurissant cet exemple d'enfants de dix ans qui ont refusé de participer à la minute de silence que leur demandait leur maîtresse au prétexte  que c'était bien fait si les dessinateurs étaient morts parce qu'on n' a pas le droit de s'attaquer au prophète !

De la confrontation des idées naît la richesse d'une civilisation et d'une culture, mais quand il n'y aura plus qu'une seule idée, une pensée unique ??? On en frémit d'effroi ! La terre sera d'un triste !

Que l'humour et l'autodérision restent donc notre ultime force, comme celui que maniaient les Tchèques face à l'occupant soviétique …

A quand la prochaine manif ?

 

 

 

 

Violence de l'irrationnel au Niger et en Tunisie

A quoi cela sert-il de constater que le monde est fou, si l’on n’essaie pas un tant soit peu de remédier à cette vertigineuse violence dont la fin est toujours remise aux calendes grecques ?

La mort d’un homme est toujours inacceptable dès lors qu’elle n’est pas naturelle ; et l’on reste interdit de voir comment des êtres primaires, agissant au nom d’intérêts qui n’ont absolument rien à voir avec la raison, font peu cas de la vie humaine. Au Niger deux Français, dont on se demande en quoi leur appartenance à une ONG pouvait déranger, à moins de vouloir affirmer que tout sentiment humain et d’entr’aide doit être banni à jamais de toutes les relations internationales : ce qui serait un retour à une certains forme de barbarie insupportable. En Tunisie, ce ne sont pas moins de 23 morts en quelques jours dont huit par balles, c’est-à-dire par des forces de police bien plus engagées dans une sordide répression qu’animées du souci de protection de la veuve et de l’orphelin.

On aimerait seulement comprendre sans se perdre dans les méandres de la politique ; quand Juppé affirme que la décisions de poursuivre les ravisseurs et d’aider les forces nigériennes à leur capture, a été prise au plus haut niveau, par le président Sarkozy, et qu’il assume les conséquences d’une telle décision (mais sans aller jusqu’au bout de la logique, car s’il reconnaît l’échec, il devrait alors en tirer les conséquences et présenter sa démission !), on aimerait qu’une telle décision ait été bien soupesée et autrement qu’à l’aune de la seule volonté : on ne se soumet pas au diktat des terroristes ! Cette volonté, pour légitime et honorable qu’elle soit, il ne suffit pas de l’affirmer, mais encore faut-il s’en donner les moyens, sans que les otages n’en aient le moins du monde à en souffrir. Il est facile de jouer les matamores quand on ne risque rien soi-même ! Car il n’empêchera que restera toujours cette interrogation : l’Elysée a-t-il bien mesuré la nature des risques qu’entraînaient ses décisions ? L’Elysée a-t-il bien mis en œuvre tous les moyens qui auraient permis non seulement l’interception des ravisseurs, mais aussi et surtout la libération des otages ?

Il est tellement plus facile de rouler des mécaniques pour impressionner son opinion publique (et remonter dans les sondages ???), que de mettre en œuvre les réels moyens (et sans doute abandonner tout le côté spectaculaire et médiatique) pour arriver à cette fin que souhaitent réellement tous les Français, la libération des otages … et pas seulement des deux enlevés samedi soir … car la question se pose maintenant : que vont devenir les autres otages Français aux mains des forces complètement irrationnelles que sont les mouvements intégristes inféodés à Al Quaïda ?

Comme c’est étonnant, et comme la logique de pouvoir semble toujours procéder de la même façon : qui le détient, voudra le conserver même envers et contre tous. Et c’est cette attitude aussi qui l’emporte chez Ben Ali, le dictateur tunisien ! incapable de donner à son peuple ce que chaque citoyen est en droit d’attendre des dirigeants, c’est-à-dire du travail, un toit et de quoi manger, il fait donner les forces policières contre les manifestations … et pourtant n’aurait-il pas été bien plus courageux de prendre le taureau par les cornes et d’essayer de satisfaire les besoins légitimes des Tunisiens ! Car à qui profitera une telle intransigeance ? Surtout pas à Ben Ali, dont on peut sans se tromper prédire une proche fin politique ! Bien plus fascinantes se feront alors les sirènes de ceux qui se veulent purs en politique, même si leur intransigeance farouche fait peur, ces intégristes musulmans que la confusion qu’ils font au nom de la religion entre le pouvoir religieux et celui civil, ne rend que plus dangereux ! Comme on ose espérer que l’entêtement incompréhensible d’un dictateur ne présage pas pour les Tunisiens un avenir encore pire que ce présent qu’ils subissent ! Car en période de violence irrationnelle, quelle place pour les forces de la raison ?

Comme on aurait aimé que ce début d’année se passe sous d’autres augures !