EONTOS

Soirée de courts métrages photographiques du diapo-club de Léhon

                      

 

Samedi dernier le diapo-club de Léhon présentait, comme chaque année, une douzaine de courts métrages. Comme il a eu raison, Jacques Logeais, le président du diapo-club, de dénoncer en termes polis, mais le sens était là, l'imposture de Microsoft, qui a a complètement dénaturé le sens du diaporama, en le réduisant à une simple présentation successive de photos sans se soucier d'aucun des paramètres qui font la « grandeur » du diaporama, une histoire ou un événement à raconter, et donc la valeur d'un texte, un enchaînement des diapos en fonction des qualités intrinsèques de chaque diapo, sans oublier bien évidemment la bande son.

Pour se démarquer de cette simplification et continuer à revendiquer la valeur artistique du « diaporama », le diapo-club de Léhon a donc décidé d'appeler les productions « diaporistiques », « courts métrages photographiques » : comment ne pas lui donner raison !

A cette soirée du 30 avril dernier, douze courts métrages parmi lesquels le public était invité à en choisir trois.

Dans ce genre de manifestations, lorsque la moitié des productions présentées me satisfait, je m'estime heureux ! Ce qui ne veut pas, bien évidemment, dire que l'autre moitié ne vaut rien ! Non, car ce serait de ma part une extrême suffisance qui laisserait supposer que j'ai la science et infuse et que seul mon jugement serait le bon !

De plus en plus rares, parmi rapport aux années 80, sont les « diaporamas » qui ne présentent aucun attrait esthétique ; les créateurs savent soigner leur histoire, leur texte, les enchaînements et la bande son. On peut être ou ne pas être d'accord avec eux, mais on ne peut leur nier ces qualités.

J'en ai rejeté un immédiatement : sujet trop vaste et impossible à traiter en cinq ou six minutes, la mort de Louis XIV ; trop de pistes suggérées, trop d'évocations à peine esquissées ; le genre de sujet casse-gueule au possible.

J'en ai éliminé deux ou trois qui ne correspondaient absolument pas à ma sensibilité, ni à mes goûts, malgré d'indéniables qualités, comme « Tango passion » ou « passion kayak » ou encore « plongée »

Mais il en restait encore huit !

Et parmi eux, trois de Denis Gelin ! « Rencontre » rencontre amoureuse traitée humoristiquement avec des gros plans sur les visages et une chute finale tout aussi intéressante. Mais, bof, trop proche du roman à l'eau de rose, ou feuilleton des années 70 propres à faire pleurer les midinettes …

Par contre du même auteur, deux pièces pleines d'humour que j'ai eu beaucoup de mal à départager : « la passion de Manon », et « Musée » ; toutes les deux très bien faites, une progression dans le suspens et avec la chute finale ; un texte et une bande son à la hauteur … l'un des deux devait faire partie de ma sélection, j'ai opté en définitive pour « Musée », et l'ai placé en seconde position c'est « La passion Manon » qui a eu le troisième prix !

Soyons bon parieur ! Ce n'est pas aujourd'hui que je gagnerai le tiercé dans l'ordre !

Une autre auteure, Annie Logeais, présentait deux diaporamas ; à la vision du premier, (il arrivait dans l'ordre de diffusion en 6ème position) il m'a tout de suite semblé qu'il tranchait sur les cinq premiers ; je sais bien, le sujet choisi fait partie de mes préférences culturelles, Venise et Antonio Vivaldi ; mais on a vu et lu tant et tant de choses ineptes concernant ce double thème que, là, j'ai été plus qu'agréablement surpris et ai pensé non seulement le garder dans ma sélection mais lui attribuer la première place ! Auparavant, il me fallait ne serait-ce que pour atteindre à une certaine objectivité, voir le second court métrage « Piero et la diva », consacré à un maître du design. Si j'ai été déçu, ce n'est pas par le côté technique, car, à ce niveau, il n'y a rien à redire, c'est du bel ouvrage qui sait combler le spectateur … mais à la condition d'aimer ce genre d'art ; et je dois bien avouer qu'en la matière, je suis complètement imperméable …

Alors c'était décidé, pour moi le premier prix devait être attribué à Annie Logeais pour son « Antonio V ».

… et ce fut « Le Lion » de Thiery Monnier qui l'a obtenu ! Pour ceux qui aiment Joseph Kessel, ce court métrage aurait dû les ravir … j'emploie ce conditionnel, car j'ai beaucoup aimé, lorsque j'étais jeune adulte cet écrivain ; je ne saurais oublier, et encore moins renier cet enthousiasme qui m'a saisi à la lecture de « Fortune carrée » ! Est-ce le souvenir qui m'a trahi, est-ce parce que j'ai vieilli (réalité incontestable), toujours est-il que dans ce court métrage je n'ai pas retrouvé cette fièvre qui marque l'écrivain ; l'usage du noir et blanc aurait pourtant dû raviver mes souvenirs et mon amour … mais il m'a laissé froid ! Ou autre hypothèse, n'étais-je pas en symbiose avec le reste de la salle ? Car il en est de ce genre de soirée, comme de tous les spectacles : pour qu'ils « réussissent » et pour que les œuvres « passent » il est indispensable que s'établisse un lien entre elles et le public … et les personnes qui ne participent pas de cette communication s'exposent à ne pas avoir du tout le même jugement que les autres …

c'est sans doute de cette règle dont j'ai été victime …

comme pour l'attribution du second prix : alors que j'avais opté pour « Musée », c'est « Jeu de glace » de Georges Manière qui l'a obtenu ! C'est le genre de court métrage qui me laisse vraiment de marbre … on voit trop de très beaux reportages sur les glaces des différents pôles ou sur le Groenland ou sur toutes ces régions encombrées de glace ! Pour me séduire, il faut alors des photos de tout premier ordre, ce qui ne pouvait pas être le cas ; et même si l'auteur a présenté des photos fort honorables, elles ne pouvaient pas souffrir la comparaison … dommage, je n'ai pas accroché, même si parfois le texte atteignait à un grand lyrisme et de haute qualité !

J'avais mis en troisième position ce court métrage, simple, et non simpliste, le dernier qui nous était présenté et qui est une œuvre collective du diapo-club de Léhon : « Le bonheur de l'enfance ». Je lui avais trouvé une fraîcheur, de celle qu'il est bon de rappeler par les temps qui courent ; l'éloge de la naïveté et de la pureté enfantine …

Bon, j'ai eu tout faux dans mes pronostics ; mais quelle importance ? Puisque j'ai passé une excellente soirée, que j'ai pu ressentir aussi de grandes émotions, et n'est-ce pas là l'essentiel ? Et que le diapo-club de Léhon (en attendant qu'il change de nom !) continue à nous offrir des soirées de cette qualité !

PS A la suite de ce compte-rendu, j'ai reçu le mail suivant de Jacques Logeais, le président du diapo-club de Léhon : je me dois par respect pour la vérité d'en donner l'extrait suivant :

"Merci pour ce compte-rendu bien intéressant et que je partage pour l’essentiel !...

Il y a eu erreur dans le classement : le fichier Exel utilisé n’a pas bien fonctionné, son auteur étant absent ce jour-là.

C’est donc en définitive « Le Bonheur de l’enfance » qui a gagné avec une voix d’avance devant à égalité « Le lion » et « Rencontre ».

Viennent ensuite « La passion de Manon »,« Antonio V » et « Piero et la Diva ». « Jeu de glace » ne prend que la place suivante. "

 

 

8ème Festival de Musique ancienne de La Richardais

L'exposition : "Deux siècles d'or de musique à Venise : les 17ème et 18ème siècles"

 

Toujours la même fièvre que celle de l'accrochage d'une exposition... et encore plus lorsqu'il s'agit d'un sujet qui vous tient particulièrement à cœur !

Par tant d'émotions tellement contrastée ne suis-je pas passé durent ces derniers six mois où je me suis lancé dans la réalisation de cette exposition consacrée au deux siècles d'or de la musique vénitienne, les 17ème et 18ème siècles ! L'enthousiasme de ces deux mois de préparation de ce voyage vénitien qui devait être définitif et me permettre de réaliser les photos dont je me promettais tant et tant d'originalité. Pourtant, aurait dû me mettre la puce à l'oreille le simple fait que nombre de palais et autres institutions telles que musées n'aient pas répondu à mes mails, demandes d'informations très précises.

Et que de déceptions lors de ce dernier voyage vénitien ! Non par cette ville qui reste toujours aussi fascinante (il y a très longtemps que j'ai refusé d'essayer d'en découvrir les raisons, car même si elles existent objectivement et d'une façon toute rationnelle, elles s'effacent devant les autres indéfinissables qui sont du seul domaine de l'affectif et du plus total irrationnel !

                                                                                                             

Déçu, et le mot est encore faible, devant ces marchands du temple que sont devenues les autorités ecclésiastiques de Venise ; j'ai vainement cherché à cette interdiction totale de photographier quoi que ce soit à l'intérieur des églises vénitiennes, une toute autre raison que commerciale : cette sacro-sainte crainte, règle absolue du plus pur libéralisme pour qui il est insupportable que le moindre objet ne puisse rapporter d'argent ! Et me voilà donc privé de photographier, nombre d'orgues, tableaux et autres monuments funéraires que je me félicitais d'incorporer dans mon exposition … comme aussi celles que je me promettais de réaliser de quelques-uns de ces plus hiératiques palais, et dont pour la même raison j'ai été privé.

                                                       

Résultat ma moisson photographique s'est révélée bien maigre, et j'ai dû me résoudre à renouveler mon stock de photos extérieures... tout en ayant quand même réussi à prendre aussi quelques photos intérieures au prix de négociations dignes de celles des souks méditerranéens !

                                                        

Heureusement, mon fonds est suffisamment riche pour que je puisse réaliser une exposition d'une soixantaine de photos, 30x40, et la fièvre « créatrice » a retrouvé ses droits : « créatrice » est un bien grand mot, car les photos retenues indiquent d'elles-mêmes les grandes lignes ; quant aux textes ils sont d'autant plus faciles à écrire qu'ils sont déjà en germes dans ceux écrits pour le diaporama. L'exposition aura donc huit chapitres bien précis : Le Palais des doges,

                                                 

la Basilique Saint Marc, L'église dei Frari, quelques autres églises (la Pietà, San Vidale, San Rocco, Il giglio, San Giovanni in Bragora …), quelques autres palais (de Ca' Rezzonico à Palais Loredan, en passant par le Cavalli-Franchetti ou le Palais Dandolo),

                                                       

une mention à quelques théâtres, dont l'incontournable Fenice qui a succédé au théâtre San Benedetto, une avant-dernière section consacrée à ces deux églises (San Maurizio et San Giacomo in Rialto) transformée en musées d'instruments anciens aussi rares que précieux.

Ces sept chapitres étant traités toujours en liaison avec des musiciens ou des œuvres ayant un rapport étroite avec la musique, la part belle étant faite à des compositeurs, comme Giovanni Gabrieli, Claudio Monteverdi, Francesco Cavalli, Francesco Legrenzi, Benedetto Marcello, Antonio Vivaldi ou encore Baldassare Galuppi.

Quant à la dernière section, elle coulait de source : le lien existe toujours entre la Venise et la musique à ses siècles d'or, et la musique de la Venise d'aujourd'hui : ce lien, ce sont tous ces musiciens, professionnels ou non, qui en sont les passeurs. Et même en dehors du carnaval, on en retrouve de ces enamourés qui arpentent avec leurs instruments les ruelles et campielli de Venise !

 

Et ce 2 juillet, atmosphère exaltante de l'accrochage de la soixantaine de photos constituant l'exposition : c'est encore ce plaisir d'organiser les clichés en fonction non seulement des thèmes différents évoqués, mais aussi en fonction de couleurs, des lignes géométriques.

Le plaisir flirtera avec cette espèce de sentiment d'orgueil d'avoir réalisé quelque chose de bien, lorsque arriveront les premiers visiteurs ...

Le Mois de la Photo de Dol -2014-

Nouvel envol de cette manifestation qui depuis une bonne dizaine d'années anime le Pays de Dol. Si, avec son nouveau président, Jean-Luc Tonneau, elle a abandonné son caractère international, pour se recentrer sur les photographes bretons ou vivant en Bretagne, cette manifestation conserve toute son importance, d'autant que … à l'instar de ce qui peut se passer à La Gacilly (haut lieu de la photographie bretonne) ou encore à Vannes, les nouveaux responsables de DPI (Dol Pays Initiatives) ont réussi ce tour de force d'animer toute la ville de Dol, par la seule force de la photographie.

Je ne voudrais pas donner l'impression de privilégier des photographes par rapport aux autres … de quelle autorité pourrais-je me parer pour me permettre de dire que tel photographe est supérieur à tel autre ? Car le choix fait par les responsables montre leur souci de la qualité.

Je me contenterai donc de faire part de mes coups de cœur dans ce parcours urbain qui est proposé.

A commencer par la place de la cathédrale.

Quel contraste entre l'architecture de la cathédrale, immédiatement compréhensible, structurée de telle façon qu'on en saisit immédiatement le sens, et les photos de Pascal Lallement !

   

Nous abandonnons progressivement le champ de la création photographique en tant que représentation du monde qui nous entoure, pour rentrer dans le domaine de l'aléa, de la subjectivité la plus totale. Des univers se croisent, ceux qui ont façonné le 20e siècle dans la peinture, de Kandinsky à Klee en passant par des Dali ou même Tanguy. Surtout ne pas se réfugier dans la raison des ignorants (« Je ne comprends pas ce que cela veut dire ») pour immédiatement refuser et, pire, condamner, ces photographies. Non, prendre le temps de regarder, de contempler, de trouver le mouvement intérieur qui les anime (et Dieu sait s'il est fort ce souffle !) … et qui sait, vous réussirez à pénétrer dans le sens profond de ces photos : exprimer même fugitivement, l'insondable … quitte à provoquer par son irrationalité, la plus rationnelle des architectures que représente la cathédrale.

    

De la Promenade Jules Revert aux Halles, toute une palette vous sera proposée.

Le portraitiste, que François Quinnio me pardonne de réduire ainsi les clichés qu'il propose, mais je n'arrive pas à mieux définir son travail. Et cela n'a rien de péjoratif, car encore une fois, faisons le parallèle avec la peinture : ayons en mémoire les grands peintres flamands du 17ème siècle, à commencer par Vermeer, où les personnages portraiturés le sont dans leur univers quotidien, allant jusqu'à l'instrument de musique. C'est ainsi qu'a procédé François Quinnio dans les quelques clichés de  « Annabel, femme imagée ». Mais avec une autre dimension, l'objet essentiel, le poupon, est en décalage en tant qu'objet pour enfant avec la femme adulte. Dérision ou expression de fantasme ? Peu importe, ces clichés permettent de sortir du champ du réel, et d'entrer dans le domaine de l'imaginaire.

   

Imaginaire avez-vous dit ?

En voilà un aussi que l'imaginaire chatouille : Charles Montecot.

Il s'en amuserait presque !

                  
Au départ, une provocation en Bretagne : « Pourvu qu'il pleuve » et c'est son imagination qui se met en route ; situations cocasses, (association d'une gendarmette sous la pluie, tandis qu'un mannequin quelque peu dénudé trône bien au sec dans un panneau publicitaire), ou suggestives, (ces manifestants CGT sous la pluie et tous abrités sous des parapluies). Vous glissez sans même vous en rendre compte, dans un univers où l'imagination cède la place à l'imaginaire, et c'est alors cette stupéfiante photographie de voies de chemin de fer s'enfonçant dans un mur tagué. Celle-là, comme les photos de Pascal Lallement, elle vous flanque un sacré coup dans l'estomac. La beauté n'est plus dans les canons esthétiques traditionnels : elle est à rechercher ailleurs, et justement cet ailleurs ne prend place que dans notre imaginaire.

                  

Un autre développement nous est offert par Stéphane Maillard.

                         

La démarche n'est sans doute pas originale, on a de tout temps utilisé ses amis ou les membres de sa famille comme modèles ; ce qui me semble plus intéressant, par contre, c'est que Stéphane inverse la proposition : ce n'est plus l'artiste (le photographe) qui choisit le cadre et l'attitude du modèle, mais le modèle qui impose ces deux paramètres ; l'artiste, de créateur devient interprète et seulement interprète ; ce qui nécessite alors une très grande maîtrise de son art et en même temps une très grande complicité avec les modèles. Le résultat est là : des photos superbes qui montrent que la création en photographie peut être aussi collective !

   

S'il n'y avait que ces cinq photographes, ce mois de la photo se justifierait à lui tout seul.

Mais il y a encore une surprise, une nouveauté qui insère encore plus l'art (et en l'occurrence, la photographie) dans la vie de la Cité. Une idée aussi simple pourtant que l’œuf de Christophe Colomb : proposer aux commerçants volontaires que des membres du club photo de DPI viennent les photographier dans leurs gestes quotidiens. Le meilleur des clichés, choisi par l'ensemble du club, après toutes les critiques d'usage (et on s'en doute, les critères durent être particulièrement sévères!), sera alors exposé sur le devant du commerce, lors de ce mois de la photo. Le résultat est saisissant ! Ils ont été 39 commerçants à jouer le jeu : du néoréalisme dans sa plus pure expression, et en prime en Noir et Blanc !

   

Que du régal !

Du régal aussi dans les expositions, de type beaucoup plus classique qui ont lieu à Médiévalys ; beaucoup plus facilement structurables, car elles disposent, chacune, d'un espace restreint, leur permettant de tenir un discours cohérent, logique, ou si l'on préfère de raconter une histoire, un cheminement.

Il m'est d'autant plus difficile de parler de toutes, que je n'ai malheureusement pas eu le temps de toutes les examiner à fond, comme j'aime à le faire pour certains musées.

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Yann Rollo qui m'avait fortement impressionné, il y a quelques années, déjà, et qui nous fait découvrir une série de portrait consacré à un sculpteur, Louis Derbré (j'en ignorais le nom, et, au vu des photos réalisées, il s'avère très intéressant), et à la naissance d'une de ses œuvres magistrales, le Prophète. Outre la qualité évidente de ces photos, cette série est aussi émouvante, parce qu'elle montre à quel point deux artistes dans deux domaines différents peuvent se lier d'amitié, et que leur complicité ne fait que renforcer leur talent créateur.

                        
 

J'ai été aussi impressionné dans un tout autre domaine par deux photographes qui réussissent à nous faire rentrer dans le monde de la mer : Yoann Ségalen dont les vagues et leurs jeux ne sont pas sans éveiller en moi des échos aussi bien de ma Méditerranée que de cette Manche qui a toujours su m'accueillir, et puis Serizay Wilfrid : ces pêcheurs à pied de la baie de Saint Jacut … c'est un peu comme si je revoyais mon grand-père sur certains de ses îlots qui la peuplent, c'est aussi un peu comme si je me voyais  avec mon haveneau, mon ciré me coltinant avec la mer descendante et tous ses minuscules rochers prêts à me faire basculer dans l'eau …

                      

D'autres photographes mériteraient que je m'y attarde, comme Anthony Godet qui sait nous montrer comme la supériorité du travail à la chambre, ou comme Michel Poirier qui réussit, à travers un travail minutieux de prise de vue et en laboratoire, à recomposer une réalité invraisemblable, univers qui rejoint parfois le surréaliste Magritte.

De certains photographes, je ne dirai rien, tout simplement parce qu'ils m'ont moins accroché, et que je me suis senti sans doute moins d'affinité avec eux ; mais cela ne veut absolument pas dire qu'ils sont dénués de tout talent … car alors ce serait aussi me dénigrer, puisque j'ai la chance de pouvoir exposer quelques-uns (19) des clichés que j'ai consacrés à une exposition sur la musique dans la Venise des 17ème et 18ème siècles.

Mais je ne peux terminer ces quelques notes sur ce Mois de La Photo sans mentionner le surprenant travail réalisé par des jeunes de Dol et de Rennes : avec l'aide de trois professionnels (Elodie Fréboeuf et Laetitia Foligné pour l'image et son traitement vidéo, et Emeric Priolon pour la bande son), ils tentent de nous faire revivre leur univers : aucune image choc, brute ou sensationnelle, non, tout est suggéré, en demi-teinte, comme pour mieux forcer le spectateur à découvrir par lui-même, ou à imaginer le monde qui est le leur. Dix minutes dans une version contemporaine de la caverne platonicienne où la vérité n'apparaît alors que plus éclatante.

 

Excellente manifestation dont peut s'enorgueillir la ville de Dol, et dont on espère que, connaissant un succès plus que mérité, elle sera suivie par de nombreuses autres éditions.

 

 

 

Rolf Bauerdick : un coup de maître

Rolf Bauerdick : Le jour où la Vierge a marché sur la lune

 

Quel point commun entre le tsigane Dimitru et le Transylvanien Ilja Botev ? si ce n’est une naïveté totalement désarmante qui leur laisse croire que la Vierge dans son ascension au ciel se serait réfugiée sur la lune.

Quel point commun entre le narrateur et les habitants de Baia Luna, ce petit village perdu au plus profond de la campagne roumaine ? si ce n’est qu’ils vont vivre l’aventure historique de la Roumanie : passer de la seconde guerre mondiale au communisme et à l’ère de Ceausescu, puis à son retour dans le giron d’une économie libérale et donc d’une nouvelle politique

Ne vous dites surtout pas que c’est long, 549 p. ! Vous vous surprendrez à les avaler sans même vous en rendre compte, captivés que vous serez par cette multitude d’histoires dans lesquels vont s’engouffrer tous les protagonistes.

Mentionnons, juste pour la forme, le reproche qu’on pourra lui faire d’être un peu longuet ; en se forçant un peu plus, Rolf Bauerdick aurait dans doute raccourcir un peu son roman, mais en aurait-il été meilleur pour autant ? Rien n’est moins certain ! D’autant qu’il a choisi la construction la plus simple et aussi la plus efficace : la chronologique. L’homme est ainsi fait que pouvoir se replonger dans le processus historique, sans faire le moindre effort, c’est la chose qu’il préfère, et quand, de surcroit, il peut s’identifier avec les protagonistes, alors il nage en plein bonheur.

Mais cette progression chronologique a un double avantage :

-      Un, de mettre en avant et d’exploiter toute l’évolution des sentiments humains depuis leur naissance,

-      Deux, de montrer aussi comment est perçu, aussi bien par les gens du peuple que par les responsables politiques, l’évolution politique, l’émancipation des citoyens et leur asservissement à un système politique qui leur est complètement étranger.

Parallèlement, l’auteur nous offre quelques joyaux : les relations entre deux communautés différentes, les tsiganes et les « autres », ou encore l’emprise de la foi sur des gens simples, application très concrète de la foi du charbonnier, ou encore ce que peut signifier la présence de l’intellectuel (l’institutrice) dans un milieu qui sans lui être ouvertement hostile ne lui est pas non plus franchement favorable.

On se délecte de tous ces conflits mineurs certes qui vont surgir à tout bout de champ et dont seule la rouerie de quelques-uns (dont l’auteur) pourra limiter les effets nocifs. On se délecte aussi de toutes ces personnalités évoquées : le bon père, ce bénédictin, qui a été relégué dans ce village comme le dernier des pestiférés. Sans oublier non plus tous ces personnages qui portent en eux le drame, comme cette institutrice qui révèlera tous les secrets de sa vie dans un carnet vert.

Le drame dans le drame, voilà un bon ressort qui fait, sans nul doute, toujours aussi recette, mais qui là offre l’avantage de relancer l’action du narrateur. Car les amours sont contrariées, celles des deux adolescents, le narrateur et Buba la jeune tsigane, mais aussi celles de l’institutrice, jeune, et d’un haut dignitaire du tout nouveau régime communiste. La naïveté amène au désenchantement, à la désillusion la plus totale, et que la Vierge ne soit dans la lune, comme l’aurait prouvé St Jean, malgré l’encyclique très récente du pape aboutit à une confrontation délicieuse entre foi et science : car elles sont délicieuses ces pages où Ilja et Dimitru, pour mieux étayer leur croyance, se servent précisément des avancées scientifiques des Russes (le spoutnik de Gagarine) ou les prouesses américaine avec la première expédition dans la lune.

Drame encore que celui de la corruption morale des nouveaux maîtres dont la dissolution des mœurs (séances porno photographiées) entraîne la mort (suicide provoqué ?) de l’institutrice. Séquence qui nous donne droit à des pages fort instructives sur la réorganisation de la société roumaine au début de l’ère de Ceausescu, et en particulier de la fonctionnarisation des services élémentaires tels qu’alimentation ou bar ! et en parallèle ou opposition, ces modes de vie ancestraux ou presque où l’alimentation se transforme le soir en bistrot ; il y a une vie qui n’est pas sans me rappeler celle que l’on pouvait trouver dans nombre de petites villes italiennes il y a quelques dizaines d’années … ou que l’on rencontre encore dans ces villes et villages délaissés par le tourisme en Tunisie.

Tout serait à citer dans ce roman qui se lit avec passion ; car que l’on croit ou non, on ne peut rester insensible à cette aventure de deux illuminés, quelque peu simplets, mais tellement attachants. Premier roman d’un homme en pleine maturité (il est né en 1957 !), c’est en tout cas un coup de maître, et on ne peut qu’attendre avec impatience sa prochaine production.

 

Léhon : festival de diaporamas du 31 mars

Ce 31 mars, le Diapo-Club de Léhon organisait un festival de diaporamas.

Ayant déjà eu l’occasion d’assister à l’une de ses précédentes éditions, je n’avais absolument pas l’appréhension tout à fait normale lorsqu’on découvre une nouvelle manifestation.

Le cadre toujours inchangé et toujours aussi séduisant, cette abbaye si suggestive qui trône sur les bords de Rance.

Et à l’intérieur une salle (tout sauf guerrière, malgré son nom, Noël Mars) qui respire la chaleur : on s’y sent naturellement bien ! Prédisposition indispensable pour être encore plus réceptif aux projections proposées.

27 photos sélectionnées vous accrochent et à vous d’en sélectionner trois ; étonnant, deux grands thèmes ou plus exactement deux grands cadres : la nuit, avec des paysages urbains, et l’hiver avec neige et glace et toute la luminosité qui l’accompagne. A vrai dire, c’est cette seconde partie qui m’a attiré ; non que la première soit moins bonne, moins réussie techniquement, non loin de là, mais humeur du moment, je me suis senti plus en conformité avec ces paysages d’hiver, et en particulier l’un d’entre eux : Les carrelets proches de l’écluse de La Hisse, une construction photographique très subtile avec une réelle et envoutante perspective, et une  lumière tamisée, très légèrement bleutée, comme on la retrouve d’hiver au petit matin lorsque se dissipe une petite brume. C’est ce cliché qui a remporté mes suffrages, en second cette autre photo très suggestive d’un trou de la glace, et en troisième un clin d’oeil humoristique, pince à linge givrée sur sa corde !!!

Le thème de ce festival tournait autour d’Histoires extraordinaires.

Et en prime un conteur, et quel conteur, Pierre Gouletquer ! Un régal ! Même s’il est de formation « préhistorien », les quelques contes qu’il nous a donnés in vivo, soit lui tout seul, soit accompagné d’un discours visuel, « diaporamistique », plongeaient aux racines de l’être humain ; le tout empreint d’une ironie subtile et d’une gourmandise du verbe … un régal, vous dis-je !

Donc en compétition, amicale, certes, onze diaporamas. Ma négligence proverbiale ayant encore sévi, j’ai tout simplement oublié de prendre le programme et je demande à tous les auteurs de bien vouloir me pardonner de ne pas les mentionner (car même si j’en connais quelques-uns, les autres non, alors il ne serait pas juste de privilégier les premiers par rapport aux seconds !).

Une constatation s’impose : tous, des plus courts aux plus longs, ont une réelle teneure technique ; et les trois paramètres – photos, textes et musique – sont traités de façon fort honorable ; on pourra aimer ou non tel ou tel timbre de voix, mais la diction sera toujours claire et compréhensible ; on pourra ne pas aimer telle ou telle musique choisie, ou plutôt penser à un autre type de musique comme illustration sonore, mais il n’empêche que le choix sera toujours judicieux et pertinent. Les images et leurs enchaînements sont soignés et surtout, ce qui me semble important, particulièrement bien pensés : bannie, repoussée, annihilée la tentation du débutant qui veut aller dans tous les sens et exploiter toutes les ressources des logiciels à sa disposition. On pourra aimer ou non ces incrustations qui arrivent en superposé et qui s’animent sur une image fixe, ce qui semble être une des marques de fabrique de Léhon (Est-ce que je me trompe ?)(et pour ma part je l’ai parfois regrettée parce qu’artificielle et coupant trop brutalement le discours visuel).

Le seul regret que j’ai eu dans ce festival, c’est de ne pouvoir discuter avec les réalisateurs pour pouvoir approfondir tous ces « détails », avoir en main et à l’esprit toutes leurs intentions afin de mieux goûter leurs créations … mais alors ce n’est plus une soirée qu’il faut programmer mais tout un week-end !!!

Alors j’ai eu beaucoup de mal à choisir ; et si j’ai éliminé d’entrée de jeux des diaporamas fort bien faits comme « révélation » ou « les oiseaux chantent » ou encore celui sur la marquise de Kerjean, ou encore « le jour d’avant » ou aussi celui sur « L’opéra Garnier », ce n’est pas qu’ils étaient moins bien ficelés que les autres, mais seulement parce que je ne me suis pas trouvé en accord avec leurs discours. Et cela c’est la très dure loi de la subjectivité ! J’ai immédiatement accroché à celui consacré à l’enterrement de F. Chopin, et l’aurais volontiers mis en premier de mon choix, mais allez savoir pourquoi, j’ai été choqué par l’intrusion finale du requiem de Mozart, juste pour le générique, et même si ce requiem se justifiait et était en quelque sorte annoncé, pour moi, il arrivait trop tardivement, et quant à faire, j’aurais continué sur cette extraordinaire sonate dite funèbre du même Frédéric Chopin qui a si magnifiquement conduit le diaporama, tellement bien foutu au demeurant avec ce leitmotiv adressé à la mère !

Alors mon choix final : en 2 Chopin … mais le reste ? J’avoue que j’ai été séduit par l’unité totale du dernier diaporama, et de sa chute finale qui me l’a fait placer en 1, et comme j’étais dans l’humour, j’y suis resté pour le troisième avec cette histoire de porte qui s’ouvre et se ferme (je ne me souviens plus ni du titre ni de l’auteur … ah les œuvres anonymes !)

J’aurais du parler des autres diaporamas ? Certes, mais vous savez quoi, en plus d’être distrait je suis aussi très fainéant, et comme je n’ai pas le courage de vous infliger une trop longue chronique, je vous donne l’adresse du diapo-club de Léhon, et tels que j’ai vu fonctionner ses membres hier soir, nul doute que vos demandes d’informations seront très bien accueillies.

 [email protected]

Pour terminer que puis-je dire de mieux que …  je ferai tout pour ne pas rater la prochaine édition de ce festival !

Diapo-club de Léhon : la richesse du diaporama amateur !

Challenge d’automne, du diapo-club de Léhon

 

On voit tellement de mauvaises réalisations, compensées de temps en temps, il faut bien l’avouer, par de très belles productions, que l’on est à juste titre perplexe quand des clubs amateurs vous proposent leurs propres créations.

Perplexes, parce que si des professionnels sont capables de manque élémentaire de sens musical (avez-vous entendu les bandes sons d’une émission comme « Des racines et des ailes » ? Les trois quarts du temps –et encore je suis généreux, il n’y a aucune lien, ni historique ni factuel  entre la musique proposée et les sujets traités : on reste dans la musique passe-partout, celle que vous pouvez entendre dans n’importe quel supermarché du coin …), alors que ces mêmes professionnels ont à leur disposition de fantastiques moyens techniques, on ne peut que se demander ce qu’avec des moyens fort rudimentaires des amateurs sont capables de produire.

Par suite de nombreuses activités, j’ai toujours raté les séances du diapo-club de Léhon, aussi ai-je été très content d’être libre ce samedi soir pour pouvoir enfin juger sur pièce des réalisations d’amateurs.

Le président, Jacques Logeais, un photographe « discreto » (en italien, ce qui peut se traduire par éclairé, ou avisé …) qui se double avec son épouse d’un talentueux diaporamiste, nous prévient d’entrée de jeu qu’il s’agit là d’une sélection de 13 diaporamas qu’ils ont glanés en particulier au dernier festival de Pontivy… le couple Logeais en présentant un au titre évocateur Bagdad Café !

13, mais à dire vrai, j’en aurais éliminé un tout de suite :  « Brocéliande en automne », photos ternes, à l’exception des deux ou trois dernières au splendide coucher de soleil (qu’elles n’aient été toutes de cette même qualité !), texte banal et qui laisse vraiment sur leur faim ceux qui ne connaissent pas Brocéliande, et qui en tout cas, pour les initiés laisse à désirer, des effets qui font tout à fait artificiel, quant à la voix le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’était ni convaincue ni convaincante.

Mais mis à part ce diaporama ; le choix était des plus judicieux !

De l’humour bien senti pour deux (la chute finale de Camping a entraîné une réaction immédiate et spontanée d’amusement et donc de rire de la part des spectateurs, à l’atmosphère poétique comme dans Papiers s’il vous plait (dommage qu’il était quelque peu confus dans son scénario), en passant par des reportages bien ficelés (de Bagdad Café à Pushkar – très belle musique qui a compensé, me semble-t-il, la légère faiblesse du texte, mais de très belles photos aussi !-) sans oublier des diaporamas qui forcent la réflexion (la perte d’identité des grands ensembles– Tabac des sports-, ou encore le déracinement des travailleurs– un air en fa mineur -), ou aussi ce diaporama très intelligemment fait, comme un bon thriller, toute la gamme des diaporamas était représentée pour ces 11 diaporamas restant ; et il était difficile d’opérer un choix pour la 2^e ou 3^e place, c’est le coup de cœur, l’affectif qui pouvait décider et non le côté purement technique : pourquoi ai-je privilégié «  Bagdad Café » au « Printemps de Keïko » ? ; difficile aussi de privilégier telle ou telle caractéristique au détriment de telle ou telle autre ; et ce n’est pas parce qu’on a éliminé de la seconde ou troisième place, Pushkar qu’il est moins bon pour autant que ceux qu’on a préféré garder.

En tout cas, et c’est absolument indéniable, cela montre la très bonne santé créatrice des diaporamistes amateurs…

D’autant que, me direz-vous … il en manque un, car 13 -1 = 12, et je ne parle que de 11, alors ?

Patience, j’y arrive !

Car, il y avait bien un diaporama qui tranchait sur le reste !

Il s’agit d’un reportage fait sur le tympan de Conques ; pour les ignorants que vous n’êtes pas, il ne s’agit pas de l’oreille d’un dénommé Conques ; mais bien du tympan d’une abbatiale qui se trouve à Conques et qui a été érigée au 12^e siècle, sur le chemin des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Il avait tout pour plaire, des photos très suggestives montrant une parfaite connaissance du sujet traité (le Jugement dernier, thème que l’on retrouve aussi dans de nombreux autres tympans et qui jusqu’à la Renaissance sera source d’inspiration des artistes y compris chez les plus célèbres - ne pas oublier Michel-Ange ! merci !-) ; un texte qui a évité l’écueil du pédantisme ou du spécialiste enfermé dans son sujet et dans la contemplation émerveillée de ses connaissances ; texte d’autant plus abordable qu’il s’est servi d’un support qui fonctionne à tout coup, l’humour ; mais pas l’humour gaulois voire salace (ce qui aurait pu se faire sans dépareiller l’œuvre, puisque nos ancêtres médiévaux étaient maîtres en la matière !) ; non,  un humour prêt à rassembler dans le même sourire les athées les plus invétérés et les catholiques les plus fervents. Reste la musique … le puriste quelque peu sectaire aurait pu regretter l’absence dans la bande son d’œuvres musicales particulièrement originales du moyen-âge, mais les morceaux choisis étaient tellement bien en fonction du traitement choisi qu’ils ne dépareillaient absolument pas … même et surtout la fameuse Danse macabre de Saint Saens.

Comment n’aurait-il pas pu avoir le premier prix de ce Challenge ?

Ce fut donc un très grand moment, et un très grand bonheur … et impossible après un tel diaporama de ne pas avoir envie d’aller faire un tour du côté de Conques !

Décidément, quel chemin accompli dans l’art du diaporama ! Certes, il y a 15, 20 ans dans des Festivals comme ceux de Blois, ou de Douai La Fontaine, on voyait de très belles photos, sûrement plus belles que celles présentées à Léhon, mais il y avait tellement moins d’unité entre les trois grandes composantes, image, texte et bande son, qu’on en sortait souvent très déçu, ou tout au moins beaucoup moins enthousiaste.

Et comme il faut bien une conclusion, sinon, je  vais me faire tirer les oreilles, finissons en une phrase : longue vie à Léhon !

PS J’allais oublier : cette projection de diaporamas se doublait d’une exposition photos sur le thème de l’automne. Un regret, c’est de n’avoir pu que la survoler ! Car pour bien apprécier la petite quarantaine de photos, j’aurais aimé avoir un peu plus de temps. Mais là aussi, une grande satisfaction, c’est la qualité technique et que la différence qui pouvait s’opérer entre chaque cliché ne l’était que sur des critères subjectifs propres à tout un chacun : à la première choisie par la majorité du public, j’avais préféré la quatrième, mais non pas qu’elle était meilleure techniquement que la première, mais tout simplement parce la façon d’aborder le sujet me parlait plus !

 

 

A Lai : un pessimisme raisonné

A Lai : sources lumineuses

 

Quand je ne sais pas quel titre de livre choisir, je fais le tour des rayonnages de ma médiathèque préférées, et …

Eh bien, cette fois-ci, j’ai commencé par le premier, et ai pris au hasard le premier livre … avec une pointe d’émotion, et cette ultime angoissante constatation, malgré ma bonne volonté, jamais je n’arriverai à aller jusqu’au bout de la totalité des volumes (mais ceci, oh lecteur assidu d’eontos, doit te rappeler un autre ouvrage d’un certain Jean-Paul !)

Et autre hasard, ce premier livre est celui d’un Chinois (bon d’accord on ne va pas discuter sur l’ancienneté de la civilisation chinoise, et faire la comparaison avec la notre méditerranéenne !). Après tout, dans cette période de turbulence internationale, où la Chine, créancier important des Etats-Unis, peut se permettre de leur faire un peu de morale économique – ce qui ne manque pas d’humour !- pourquoi ne pas s’attacher aussi et surtout à sa culture, et à sa littérature !

Un peu longue cette introduction, peut mieux faire !

Sources lointaines, j’aime ce titre qui peut cacher tant et tant de réalités, surtout lorsqu’on apprend en quatrième de couverture que l’auteur est d’origine tibétaine, car, n’est-ce pas, origine et sources peuvent se rejoindre sémantiquement ?

L’histoire en est toute simple, ce n’est qu’une espèce de madeleine de Proust revue et corrigée par un asiatique : rechercher une source thermale mystérieuse qui guérit de tous les maux, et dans laquelle se baignent dans leur plus simple expression hommes et femmes (de préférence jeunes et très belles : fantasme universel, non, enfin tout au moins chez les hommes, non ?) Adulte, il la retrouvera, mais alors la réalité sera tout autre !

C’est tellement mince comme sujet, que vous vous demandez pourquoi cet auteur en a fait un récit !

Curieux, je ne m’étais même pas posé cette question, … et évidemment j’aurais eu tort !

Car derrière cette apparence minceur, il y a tant et tant de choses !

Un humour croustillant, une dénonciation en demi-teinte, et pleine de finesse de l’administration communiste chinoise ; rassurez-vous, c’est tellement bien fait que même la plus stricte et tatillonne des censures ne peut que laisser passer une telle critique ; elle passe par le personnage à vrai dire puant de Xianba, le type même de l’arriviste, et du petit chef, personnage universel dont malheureusement la Chine n’a pas le seul apanage ! Humour aussi que cette timidité quasi maladive qui empêche le jeune garçon de parler aux adultes chinois qui se sont emparés du pouvoir, et qui pourrait lui faire une petite place dans la nouvelle société : on sent derrière cette impossibilité exprimée avec une rare fausse naïveté, le refus de perdre sa propre identité, et de se fondre dans une masse totalement anonyme et artificielle.

Ce que confirme cette étrange relation qu’il a avec Gongpo ; une maladie de peau lui a déformé tellement le visage qu’on l’a banni du village ; il vit donc en ermite, chargé seulement de surveiller le troupeau de chevaux. Une affinité semble lier l’auteur avec Gongpo, mais il ne s’agit pas d’une quelconque compassion, mais plutôt d’une certaine admiration pour cet aîné qui est capable, vivant seul, de renouer des contacts avec toute cette nature que la nouvelle administration semble vouloir interdire. Et quand Gongpo signale ce lac miraculeux au-delà des montagnes, alors le lien se fait plus fort, car la fantaisie se transforme en féérie et autorise tous ces développements d’autant plus irréalisables qu’ils sont ardemment désirés.

Elle est dure cette histoire, car elle nous apprend à vivre nos désillusions : la réalité ne peut et ne saurait être ce que nous voulons qu’elle soit. Pire, l’organisation même de la société l’interdit : le réalisme l’emporte sur l’utopie.

Je ne sais ce que me réservera le dernier roman du dernier rayonnage de ma médiathèque préférée … mais s’il est du même acabit que ce tout premier, alors je serai comblé !

Dol de Bretagne ou la vitalité de la photo !

8ème Mois International de la Photo Eclectique – 18 juin/3 juillet 2011

 

J’aime bien les inaugurations, non pas pour leur côté officiel, mais bien pour tout ce qu’il y a autour.

Vous dire que j’ai ragé, lorsque, par suite de bouchons incontrôlables, je me suis vu arriver en retard à celle du MIPE ! Même si je savais que l’ami Jacques, celui que je nomme le premier, me pardonnerait …

                         

Du reste, c’était couru d’avance, il ne remarquera même pas mon retard ; car cette inauguration qui était la consécration de tous ses efforts et de ceux de l’équipe qu’il a réunie autour de lui, était un véritable succès. Il y avait un monde fou dans cette grande salle jouxtant l’Office du Tourisme de Dol ! tant et tant de personnes, que même en me faufilant, je n’arrivais pas à saisir beaucoup de mots du Président Jacques Rouquette ! Mais qu’importe : je savais par avance tout ce qu’il allait dire, remercier les officiels, Monsieur le Maire, le ou la Conseillère Générale, plus tous ceux qui avaient permis la mise en place d’une telle manifestation, les annonceurs, certes, mais aussi son équipe, et de donner aussi l’impressionnante liste des photographes de grand talent qui étaient au cœur même de cette manifestation ; mais aussi une nouveauté, allons bon notre ami jacques ferait-il dans la démagogie et le paternalisme ambiant ? Allez à vos imaginations, les jeunes, et faites travailler vos portables … bon, je suis méchant, je caricature quelque peu ! il faut dire que je suis sans doute très vieux jeu et que les portables m’insupportent à un point inimaginable. Mais contrepartie, et de cela j’en suis certain, comme je sais tout autant que Jacques et son équipe ne transigeront absolument pas sur l’exigence de qualité … eh, les jeunes que croyiez-vous ? non, ce n’est pas à du paternalisme facile que vous convient Jacques et son équipe, mais bien à un acte qui va vous demander un véritable travail.

  

Toujours est-il que je me suis « sauvé » de cette atmosphère où je n’entendais presque rien , et tout cela pour me livrer à deux impérissables plaisirs ; rencontrer des amis, ou plutôt des photographes que j’admire beaucoup, n’est-ce pas Giorgio ou l’autre Jacques ? et discuter avec eux comme si je les avais quittés la veille, alors que nous nous voyons une fois par an ! Et puis l’autre plaisir, découvrir toutes ces photographies, exposées presque pour moi seul, puisque tout le monde ou presque est à écouter le président ! Plaisirs ? sans doute beaucoup plus, car il y a vraiment de la très belle photo ; ces auteurs avec qui j’accroche d’emblée, comme Philippe Larrère, et ses reflets, ou encore Pascal Langendorff, avec ses lumières parfois tellement fortes qu’on a l’impression de quitter le monde objectif de la photo pour rentrer dans celui onirique de certains de nos rêves ; ou encore ces auteurs qui font du reportage réaliste, comme le polonais Josef Wolny, ou encore cette Marrakech vue par Patrice Carré  ; ou aussi ces auteurs qui vous interpellent réellement, même si leurs photos ne vous attirent pas spécialement, comme les araignées étranges de Daniel Wambach, ou encore cette vision des nonnes bouddhistes de Tenzin Dorje, mais là ce n’es pas le photographe que je juge, car certaines photos sont très belles, mais bien le fonds lui-même … ; mais il faudrait aussi signaler  ces initiatives qui nous montrent toute la vivacité de la photographie d’aujourd’hui, « Les photographies de l’année 2011 » ou encore « Image sans frontière ».

 

Une dernière impression, et sans doute, une de celles qui me restera de tout ce Mois de la Photo, certaines photos de Jacques (tiens encore un !) Yvergniaux … comment certains de ses clichés ne trouveraient-ils pas d’échos dans mes souvenirs du sud tunisien qui depuis mon enfance m’habite ?

Notre cher président, ayant fini son discours, la salle s’est presque vidée, et alors, merci pour cette initiative, ce quatuor un peu exceptionnel (dans sa formation, car je ne peux le juger musicalement, ne l’ayant pas entendu !), deux guitares, un accordéon et une contrebasse : je me régale quelques instants le temps de transcrire sur un carte mémoire ce que mon œil perçoit ! (merci pour ces chevilles de contrebasse …)

 

Et comme il n’y a presque plus personne, alors je peux me délecter en toute quiétude des photos du couple Carret ! Comme ils savent percevoir la réalité, ou plutôt nous en montrer une partie ; j’aime leur coup d’œil, juste, pertinent, et aussi tellement suggestif : n’a-t-on pas, par exemple, l’impression d’entendre cet accordéon ?

    

                         

Tout ayant une fin, on se retrouve agglutiné autour d’une table et d’un coktail, mais, loin de toute mondanité, à la bonne franquette, et en toute amitié, ne sont là que ceux qui se trouvent réunis par le même amour de la photographie. Rares moments où la chaleur humaine prend tout son sens !

   

Un tout petit conseil, vous avez jusqu’à 3 juillet pour découvrir ce 8^ème Mois …

 

Deux photographes rennais : Christelle Schaefer et Mikael Helleux

Rennes : « Exercices de style ».

 

Un ami m’avait signalé l’existence sur Rennes de cette nouvelle galerie-librairie « Exercices de style ».

Pensez, un vide qui serait comblé, une galerie qui a la volonté de privilégier de façon quasi exclusive la photo, c’est suffisamment rare pour piquer la curiosité !

Eh bien je n’ai absolument pas regretté : pour ce premier mois, deux photographes se partagent une grande partie de l’espace. La démarche est intéressante d’abord parce qu’il s’agit de professionnels, c’est-à-dire d’artistes qui vivent de leur art, ou qui essaient d’en vivre.

Il s’agit de Christelle Schaefer et de Mikael Helleux. Mariage photographique heureux s’il en est, car leurs source d’ « inspiration » se recoupent : en grande partie, la mer, les paysages qu’elle offre. Familière nous apparaît-elle, avec ces vues de Saint-Malo, de ses pieux du Sillon ou encore du Fort National ; racine commune donc aux deux artistes, dont on ne manquera pas de remarquer que tous les deux savent ce que l’art photographique veut dire, non seulement le fameux œil qui sait donner sur la pellicule, à un élément noyé dans la masse, toute sa présence et sa force.

Deux artistes au tempérament différent, pourtant : ce qui saute immédiatement aux yeux, par un simple fait, Christelle Shaefer a choisi la couleur, tandis que Mikael Helleux ne s’exprime que par le noir et blanc. Je n’ai malheureusement pas pu rencontrer Christelle, elle était souffrante. Je n’ai pas aimé cette suite d’étraves, chacune étant trop présente, n’offrant aucune perspective, ne permettant pas au « lecteur » d’imaginer le voyage de ces bateaux suggérés ; par contre le reste mérite une attention particulière, ces suites esquissées, banc d’Erquy (me semble-t-il !) ou encore la solitude de cet unique être humain perdu dans l’immensité du sable et de la mer. Rien de nouveau, me direz-vous, certes et sans doute, mais c’est comme toute chose, êtes-vous le seul à avoir photographié le Mont St Michel, êtes-vous le seul à avoir immortalisé tel ou tel masque de carnaval ? Et pourtant pour quelles raisons objectives préférerez-vous tel cliché du Mont St Michel ou du Carnaval de Venise à tel ou tel autre ? devant les photos de Christelle Schaefer vous serez obligé de vous poser cette question et de tenter d’y répondre : vous êtes fatigués ou un tant soit peu fainéants, et vous voulez qu’on vous aide ? Une piste et une seule qui ne pourra que vous fasciner : regarder le traitement des couleurs, rien de criard, rien d’outré, elles sont en totale fusion avec leur source d’ « inspiration » la grandeur de cet élément devant lequel nous ne pouvons que nous incliner avec la plus grande humilité. Et alors vous admirerez ce tableau (allais-je écrire, car cette photo a la force des maîtres flamands du 17^e siècle) où la mer fortement hachée de tempête vous impose sa suprématie.

J’ai par contre eu la chance de rencontrer Mikael Helleux. Je ne voudrai pas le faire rougir, mais j’ai été séduit par sa simplicité ; simplicité humaine d’abord, car il ne parle que de ce qu’il sait faire (et c’est déjà énorme), le reste, ce n’est pas qu’il ne l’aime pas, mais comme il ne sait pas, alors il n’en parle pas. Simplicité de l’artisan (mais tellement proche avec l’artiste) qui explique avec les mots simples et de tous les jours comment il procède dans son laboratoire, comme il aime cette atmosphère feutrée où il maquille lui-même ses photos, enfin celles dont il n’a pas entièrement réussi comme il l’aurait souhaité la prise de vue ; il vous parle produits, papiers avec la jouissance de celui qui aime les manipuler.

Chiqué que tout cela !?!

Oh que non !

Il suffit de voir le résultat !

Je sais, certains d’entre vous fuiront tout de suite, car le format est aux antipodes du clinquant, du « tu en prends plein la gueule pour pas un rond ! ». Format intime ou même intimiste, qui ne dépasse pas le 20x30, pour un petit nombre, mais qui pour l’essentiel est de l’ordre du … je n’ai pas pensé à le lui demander, mais dans un rapport approximatif de 1 sur 3, et s’approchant à vue de nez du21x7.

C’est petit, certes, mais vous êtes, plus que dans les grands formats à la mode, qui rejoignent les murs d’images, condamnés à trouver ce qui fait la grandeur de ces photos ; le cadrage, cela c’est trop facile, malgré sa jeunesse Mikael a suffisamment de métier pour savoir l’exploiter au mieux ! Le détail ? C’est, par exemple, cette petite tâche blanche au milieu d’un arbre … penchez-vous dessus, regardez sa forme, c’est génial c’est la forme du trou de l’obturateur de l’appareil, le contre-jour du soleil pris en face à travers l’arbre a marqué définitivement la présence du soleil sur la pellicule. Ou encore cette photo où un homme semble tellement minuscule par rapport à une statue contemporaine, ou encore ce cliché où le Fort National de St Malo apparait en prolongement de quelques pieux, briseurs de bagues, et la force du Noir et Blanc devient tellement évidente qu’on en oublie tous les autres clichés pris de ce même fort mais en couleur.

Il y a par certains aspects un travail de magicien chez Mikael, non qu’il dénature l’objet photographié, mais parce qu’il le transplante par son seul art photographique dans une réalité perceptible de façon totalement différente par rapport au lieu où il a été censé être pris ; ne cherchez pas l’Italie ou l’Espagne dans certains de ses clichés, il vous l’annoncera, et vous le croirez sur parole tant ces pays mentionnés sont absents de la photographie : je pense en particulier à ce plongeur pris du port de Rimini, on ne voit que le plongeur, mais aucune référence ne permet au « lecteur » d’identifier le cadre comme étant celui de Rimini (en Italie).

On pourrait continuer à disserter sur l’art de ces deux photographes, mais le plus simple, c’est d’aller voir leurs œuvres ; vous y découvrirez bien plus que tout ce que j’ai pu si maladroitement dire ! Ils sont visibles tout le mois de janvier dans cette Galerie « exercices de style » 6 Rue Victor Hugo à Rennes.

Et quand je pense avec tout cela que je n’ai pas parlé du rayon librairie … mais ce n’est que partie remise !

 

7e Mois International de la Photo Eclectique, de Dol de Bretagne

Une ouverture remarquée !

Dol, ce week-end, inauguration du 7^e Mois International de la Photo Eclectique.

Un des évènements phare de l’association DPI (Dol Pays Initiatives), le mois international de la photo est chaque année attendu, car il nous est donné de découvrir des talents incontestables, en même temps qu’il offre l’avantage de mieux connaître un de ces grands qui font ou ont fait la photographie de notre époque.

Et cette année, nous avons été particulièrement gâtés ! Pensez, Lucien Clergue en personne, comme invité d’honneur.

Le nom et quelques références, certes, je les avais présentes à l’esprit … mais pouvais-je imaginer un personnage si riche ? Ami de Picasso (qui fut même le parrain de l’une de ses filles !) ami et fidèle collaborateur de Cocteau, mais aussi de Saint John Perse ! Alors, là, j’ai craqué ! Saint John Perse, l’un de mes poètes préférés, comment oublier cette phrase merveilleuse qui fonde tout « Amers » ! Et que Lucien Clergue ait illustré cette œuvre majeure de la littérature du 20^e siècle, et qu’il s’en soit inspiré pour créer ces merveilleuses photos de nus, avec une mise en scène éblouissante, pouvait-on imaginer plus beau cadeau que pouvait me faire DPI ?

Il faut aller voir ces portraits uniques ; tellement éloignés d’un érotisme facile ou ambigu, et tellement proches dans l’esprit de cette découverte que les grands sculpteurs ou peintres de la Renaissance firent du corps féminin ! Il est impossible de ne pas être envoûté par cette plastique tellement maîtrisée que l’art disparaît complètement, nous laissant goûter pleinement l’être féminin et son naturel.

L’un des clous de l’inauguration étant bien cette soirée « hommage » à Lucien Clergue ; en toute simplicité, comme si nous étions tous (une bonne centaine de personnes) des amis, voire des confidents, il s’est livré, il a raconté sa vie, nous commentant quelques 160 photos.

Rien que par cette découverte (car qui de tous les visiteurs pouvait se targuer de connaître aussi bien un tel artiste ?) le 7^e MIPE pouvait se félicitait d’être déjà un succès. Mais c’était sans compter les très nombreux autres photographes, beaucoup moins connus, et pour certains, seulement de quelques initiés, proposés à l’admiration des visiteurs.

Il est difficile de les citer tous, d’autant que, pour certains, même si je reconnais leur réel talent, il n’en demeure pas moins que leur forme d’expression me laisse froid ; ce qui est le cas de la photo animalière (pourtant représentée d’une façon extraordinaire par un photographe comme Henry Ausloos), ou encore de la photo sous-marine (représentée pleinement par Claude Ruff).

Par contre, quelques photographes ont eu l’heure de m’interpeller ; la polonaise Ewa Czyz avec un reportage sur une fête religieuse au Pérou ; les attitudes, toutes naturelles et en rien artificielles, des personnages se trouvant renforcée par un traitement sépia de chacun des clichés. Dans le même ordre d’idées mais avec une force encore bien plus grande, le reportage de Pierre Claquin sur les cirques du Bangladesh : le cirque, non plus considéré comme divertissement, mais comme exutoire à la violence du quotidien que subit toute une société ; certains prennent la pose devant le photographe, mais comme pour mieux marquer le défi qu’ils représentent face à la réalité.

Parmi aussi les 31 photographes (et ceux que j’ai remarqués !) l’Italo-Suisse Roberto Pelligrini ; avec une simplicité déconcertante, il se livre à un exercice surprenant : il photographie des pièces, d’abord pleines de leurs meubles et autres objets familiers, et ensuite vides de tout ce matériel. Au spectateur de trouver le cheminement qui a amené du vide au plein, et pourquoi pas, le contraindre à imaginer la façon dont il aurait meublé ces espaces.

Autre personnalité qui  m’a forcé à m’interroger, Pascal Lallement dont le travail tente de cerner les jeux de la lumière qui se réfléchit. Le souci est à l’évidence bien plus plasticien que photographie de la réalité, même réinterprétée ; on est totalement plongé dans le domaine du non figuratif, de l’abstraction, et à nous de deviner ce qui fonde la réalité ainsi exposée. C’est le genre d’ « œuvres » qui ne se voient pas en un clin d’œil : elles méritent qu’on s’y attarde, ne serait-ce que pour découvrir cette dynamique qui leur est propre et que seule l’intuition artistique du photographe a su saisir.

Pour terminer, ce très court panorama, je ne peux m’empêcher de vous signaler la série de 15 photos que j’expose sous le titre de « musique, sculpture et lumière » avec lesquelles j’essaie de retrouver l’univers médiéval de la musique grâce aux chapiteaux, vitraux et autres sculptures sur bois.

Vous avez jusqu’au 20 juin pour aller admirer toutes ces exposition, et surtout ne remettez pas au lendemain ce que vous pourriez faire le jour même.

  

Voir l'album photo 7MIPE ci-joint