Sylvie Bocqui : Une saison
Elle est une jeune femme de chambre dans un hôtel, sur la côte méditerranéenne. Sa lubie, collectionner ce qui peut faire la caractéristique des clients, et en particulier leur parfum, dont elle s’imprègne jusqu’à en dresser la liste.
Personne ne sait qui elle est, et elle n’a guère envie de se lier à qui que ce soit. Aussi lorsque, un jour, elle ne vient pas travailler …
Très court roman.
Sans doute le roman de l’insignifiance, du quotidien répétitif, lassant dans ses détails.
Et pourtant ce qui pourrait être profondément ennuyeux, attire : on ne peut se séparer de ce texte tant on veut connaître, réussir à percer qui se cache derrière cette femme de chambre. Car on ne sait rien d’elle, seulement quelques évènements, son arrivée à l’hôtel, et le travail routinier qu’elle y accomplit dans chacune des chambres. Mais sur ce qui l’a amenée à faire un tel travail, ses motivations propres, sa vie antérieure et celle qu’elle espère… rien qui puisse nous permettre d’imaginer un tant soit peu la richesse de cette jeune femme.
Frappante est alors cette solitude qui entoure le personnage, comme si elle voulait le dépouiller de toute personnalité ; significatif à cet égard, que l’on ne sache pas le prénom de cette jeune femme : c’est elle, et toujours elle. On est dans un espèce de huis clos à un personnage dont on ne voit aucune issue possible ; s’insinue un pessimisme presque morbide qui ne peut qu’amener à une profonde crise existentielle ; c’est la seule évolution possible.
J’ai ressenti un immense malaise à lire ce livre, non parce qu’il manque de qualités littéraires, même si l’écriture me semble un peu trop simple ; mais bien parce que je me suis constamment posé cette question : qu’est-ce qui a pu pousser une jeune (car elle l’est manifestement) auteure à écrire un tel roman aussi noir ? Comment peut-on porter un tel regard désabusé sur l’être humain ?
PS Edition Arléa, 2013, 99p. 14€